Bienque tu aies été donneur de farine, la sportule a réclamé d'une voix retentissante de la farine vierge. C'est du blé que tout le monde puisse voir et toucher qu'il faut apporter en abondance. MécÚne . D'un butin de varechs amassés par les rames et abandonnés dans l'écume du rivage j'ai fait de fraßches gerbes que j'ai envoyées à l'entrepÎt. Demain je les enverrai
A Troisvilles , le 27 Aout 1914, les Allemands ont repoussĂ© les troupes anglaises lors de la bataille du Cateau et la nuit dune occupation de 50 mois allait tomber sur une grande partie du Nord de la France» . Sur cette pĂ©riode, nous disposons de quelques rares tĂ©moignages familiaux mais il reste peu de tĂ©moignages Ă©crits car les Allemands interdisaient les Ă©changes mĂȘme entre villages voisins et se sont efforcĂ©s de dĂ©truire toutes les traces de cette pĂ©riode avant leur dĂ©part en novembre 1918. La carte ci-dessus montre la zone gĂ©ographique du Nord de la France qui resta occupĂ©e pendant plus de 4 ans, et l’ampleur des destructions subies. Nous avons ajoutĂ© l’emplacement des sources d’information que nous avons exploitĂ©es. AprĂšs la dĂ©claration de guerre, mes arriĂšres grands- pĂšres Édouard Toussaint et EugĂšne Oblin sont restĂ©s Ă  Troisvilles . Patrons l’un d’un atelier de tulle et l’autre d’un atelier de dentelle, ils espĂšrent par leur prĂ©sence sauvegarder leur outil de travail. Quand Ă  ma grand-mĂšre Marie Toussaint, elle doit maintenant faire tourner la boulangerie, son mari Ă©tant parti se battre pour la France dans l’est il y a Ă  peine trois semaines. Les Troisvillois vont trĂšs vite comprendre que dĂ©sormais les nouveaux occupants sont les maĂźtres. Ils pillent les maisons abandonnĂ©es. Les caves sont vidĂ©es, les armoires bouleversĂ©es, le linge sali, piĂ©tinĂ©, les literies enlevĂ©es, les chaussures, les chemises d’homme, les mouchoirs. Ils rĂ©quisitionnent tout ce dont ils ont besoin tabac, cigares, cigarettes et bougies, cartes Ă  jouer, cuillĂšres, fourchettes, couteaux et canifs, brosses en tout genre, savons, suifs, cuirs et peaux. Tout leur convient. Ils font le tour du village en jouant et en dansant. Ils font bombance tous les jours. Tous les jours il faut les loger, les nourrir et subir toutes leurs exigences. La Kommandantur gĂšre militairement la vie quotidienne. 1915 Caudry HĂŽtel de Ville transformĂ© en Kommandantur L’autoritĂ© revient maintenant Ă  l’armĂ©e allemande, la gestion du territoire occupĂ© est confiĂ©e Ă  une Kommandantur placĂ©e sous les ordres d’un officier Kommandant. Celui-ci est assistĂ© de plusieurs personnes dont un chef de culture Landwache, chargĂ© du contrĂŽle des exploitations agricoles et d’un sergent d’inspection, chargĂ© des rĂ©quisitions et des fouilles. Au niveau infĂ©rieur, l’Orstkommandantur contrĂŽle une ou plusieurs communes. DĂšs les premiers jours d’occupation, le maire et ses adjoints sont soumis Ă  la seule autoritĂ© allemande. Les Ordres, Avis, Annonces »imposent une vie sous la contrainte, la peur, les humiliations. La population civile est informĂ©e soit en se rendant aux convocations du commandant, soit, le plus souvent, par des annonces affichĂ©es aux portes des Ă©tablissements publics. La simple lecture de ces annonces nous donne une image de la vie sous la contrainte des habitants absence de libertĂ©, d’information ainsi que la peur, l’humiliation, sans oublier le manque de pain et de nourriture et les rĂ©quisitions. DĂ©but octobre 1914, le Commandant convoque la population et dĂ©bite son discours » Pour Ă©viter le pillage de vos maisons, vous ĂȘtes invitĂ©s Ă  apporter Ă  la mairie des pardessus, des chemises, gilets, pantalons,
, couvertures de laine surtout qui seront 
 payĂ©s par des bons aprĂšs la guerre.. Puisque vos hommes sont Ă  la guerre, ils n’ont pas besoin de leurs vĂȘtements. C’est donc juste que vous donniez Ă  nos soldats ce qui leur manque. Il nous faut voir si le pays a suffisamment de ressources pour vivre, le civil comme le soldat, aussi direz-vous ce que vous possĂ©dez. Ce sera inscrit. De mĂȘme pour les bestiaux, ce sera notĂ© et on ne vous les achĂštera que si l’on en a besoin. Les gouvernements s’arrangeront entre eux aprĂšs la paix, ce que je souhaite au plus tĂŽt, pour vous comme pour moi 2. Le financement Bons communaux Les rĂ©gions envahies, manquent d’argent frais. Les fonctionnaires ne sont plus payĂ©s, les allocations aux familles des soldats, ainsi que les secours ne sont plus versĂ©s. DĂšs leur arrivĂ©e, les Allemands raflent tout l’argent disponible. Rapidement la monnaie, ainsi que les billets viennent a manquer et les communes ont recours Ă  un systĂšme de bons » pour favoriser les Ă©changes. A la fin de la guerre, les bons communaux seront repris et Ă©changĂ©s contre de la monnaie officielle. Les rĂ©quisitions Comme nous venons de le voir, l’occupant se donne non seulement le droit de se servir selon ses besoins dans chaque maison ou chaque entreprise en Ă©quipement, matiĂšre et mĂȘme en animaux. Il exige Ă©galement de chaque habitant qu’il remette en Mairie la liste de ses biens et de ses vivres ainsi que la liste des occupants de chaque maison. Pour vĂ©rifier les listes fournies par les mairies, les Allemands effectuent des perquisitions directement chez l’habitant. En cas d’oubli ou de vivres cachĂ©s, les habitants sont punis et la commune frappĂ©e d’une contribution de guerre. Outre l’humiliation imposĂ©e Ă  tous de vivre Ă  l’heure allemande, de remplacer sur tous les bĂątiments publics le drapeau français par le drapeau allemand, l’occupant va vouloir tout contrĂŽler comme la date d’ouverture des Ă©coles et priver les français de circuler librement et mĂȘme de tĂ©lĂ©phoner. Les Obligations, Ordres
 » seront affichĂ©es pratiquement chaque jour. Les Allemands ne vont cesser de rĂ©quisitionner les mĂ©taux et plus particuliĂšrement le cuivre indispensables pour renforcer leur armement et leurs munitions, ceci de façon de plus en plus violente au fur et Ă  mesure des combats. Mais les affiches ne mentionnent pas ce qui va pourtant toucher violemment notre famille la destruction presque totale des Ă©quipements de l’industrie textile. A la veille de la Guerre, Caudry et sa rĂ©gion produisent le tulle et la dentelle pour le monde entier, 80 % de la production est exportĂ©e, la ville compte 600 mĂ©tiers Ă  dentelle leavers , 550 mĂ©tiers pour le tulle uni et 630 mĂ©tiers pour la broderie. C’est dans cette dynamique que s’étaient installĂ©s mes arriĂšres grand parents en montant Ă  la fin du XIXĂšme siĂšcle leurs ateliers de tulle et dentelle. Ils vivent alors dans une certaine prospĂ©ritĂ©. Caudry Destruction d’un atelier de textile Le 26 Aout 1914, tout s’arrĂȘte, les Allemands vont piller et dĂ©truire systĂ©matiquement les mĂ©tiers, les dessins, les papiers. Il ne restera bientĂŽt plus un boulon dans les fabriques, ou presque. Les Allemands prennent d’abord les matiĂšres premiĂšres puis dĂ©montent les meilleures machines pour les envoyer et les remonter Outre-Rhin. Enfin, vers la fin de la guerre, comprenant qu’ils vont perdre, les Allemands cassent tout dans les fabriques pour supprimer un concurrent. Voila des familles entiĂšres plongĂ©es dans l’inactivitĂ© et la misĂšre. A Troisvilles, heureusement, pour le moment, la basse cour et le grand jardin du 8 rue du Villers assurent la survie de la famille Toussaint. Une rĂ©gion coupĂ©e du monde Laisser passer Carte postale zone occupĂ©e Durant toute l’occupation, chaque village est totalement coupĂ© du reste du monde. Chaque dĂ©placement est soumis Ă  la dĂ©livrance d’un laissez-passer difficile Ă  obtenir et le courrier n’est plus distribuĂ©, ce qui constitue encore une source d’angoisse et d’isolement supplĂ©mentaires notamment pour les familles dĂ©jĂ  sĂ©parĂ©es par les Ă©vĂ©nements du dĂ©but du conflit la mobilisation des soldats français, l’exode dĂ©clenchĂ© par les premiĂšres avancĂ©es de l’armĂ©e allemande. Seuls les hommes emprisonnĂ©s en Allemagne parviennent Ă  correspondre sous contrĂŽle avec la zone occupĂ©e comme ce cousin d’Avesnes Jules Lemaire dont nous avons conservĂ© une correspondance et son portrait. L’occupant exige que l’enveloppe du courrier reste ouverte et toute information liĂ©e Ă  la guerre est censurĂ©e. Jules Lemaire cousin prisonnier en Allemagne MĂȘme le fait de possĂ©der des pigeons voyageurs est interdit, ainsi au Cateau, 10 personnes seront fusillĂ©es en dĂ©cembre 1914 pour avoir conservĂ© des pigeons. La Gazette des Ardennes », journal de propagande allemande est la seule source d’information autorisĂ©e. Toutefois ses informations sont tellement mensongĂšres que mĂȘme les soldats allemands n’y croient pas. Comme indication, il restera les diffĂ©rents mouvements des troupes et le bruit du canon qui chaque jour apportera la peur ou l’espoir car la ligne de front ne sera jamais bien Ă©loignĂ©e . Quand Ă  ma grand-mĂšre Marie Toussaint et sa fille GisĂšle, elles resteront sans nouvelles de Paul Toussaint parti se battre pour la France pendant des annĂ©es. L’exode DĂšs la fin de 1914, la farine va devenir rare, les Allemands se rĂ©servent tout le blĂ© des moulins qui approvisionnent le pays. Menaçants, ils affirment » Nous vaincus, mais vous mourir de faim » et vont donc essayer de se dĂ©barrasser des bouches inutiles. En route vers la France non envahie dans un wagon Ă  bestiaux En route vers la France dans un wagon Ă  bestiaux DĂ©but mars 1915 un nouvel ordre est affichĂ© en mairie. Edouard Toussaint sĂ©nior est ĂągĂ© de 62 ans et vient de perdre son outil de travail les mĂ©tiers Ă  tulle ont Ă©tĂ© dĂ©montĂ©s par l’occupant. Deux de ses enfants Édouard junior et Elvina rĂ©sident avec lui au 8 rue du Villers et sont dĂ©sormais sans activitĂ©. Ils vont saisir cette obligation comme une opportunitĂ© pour rejoindre la France libre et, si possible, retrouver du travail. Pour qu’Édouard junior alors ĂągĂ© de 33 ans puisse partir, il suffira, malgrĂ© l’interdit , de glisser quelques piĂšces en or dans les poches des Allemands. Les voici partis pour l’exode et surtout pour le voyage le plus angoissant, le plus long et humiliant de leur vie. Ils font probablement partie du convoi parti de Caudry le 11 Mars 1915 . Ils laissent Marie Victoire et sa fille GisĂšle ma mĂšre alors ĂągĂ©e de 3 ans Ă  Troisvilles car contraintes de rester pour faire tourner la boulangerie et nourrir le village affamĂ©. La route de l’exode de Troisvilles Ă  BĂąle Une premiĂšre humiliation les attend dans la gare de dĂ©part vide on les oblige Ă  se dĂ©shabiller complĂštement, on leur enlĂšve papiers et bijoux. Les Allemands promettent On vous les rendra Ă  la fin de la guerre
!!! » mais en fait ils cherchent surtout Ă  Ă©viter le transfert aux autoritĂ©s françaises de tout renseignement provenant de la France occupĂ©e vers la zone libre. Les conditions de transport sont pour le moins prĂ©caires, les Allemands n’hĂ©sitant pas Ă  entasser les migrants dans des wagons Ă  bestiaux et se contentant de donner au dĂ©part un gros pain Ă  chaque passager pour le voyage. Comme il n’est pas question de traverser la ligne de front qui court du nord de Dunkerque Ă  la frontiĂšre suisse, commence alors un long pĂ©riple vers la Suisse restĂ©e neutre. Le train surveillĂ© par un groupe de soldats allemands reste en zone occupĂ©e et se dirige vers les Ardennes. Quand il s’approche de la zone de front, il s’arrĂȘte et attend la nuit pour traverser lentement le secteur dangereux tous feux Ă©teints. Ultime prĂ©caution, les passagers sont dĂ©barquĂ©s dans un village des Ardennes pendant quelques temps pour officiellement aider les populations locales mais surtout pour qu’ils ne soient plus en mesure de transmettre Ă  leur arrivĂ©e des nouvelles rĂ©centes de la zone du front aux autoritĂ©s françaises. En reprenant la route, nos rĂ©fugiĂ©s vont traverser le Luxembourg, vont apercevoir la haute et sĂ©vĂšre cathĂ©drale de Strasbourg puis traverser le Rhin, ce fleuve immense, comme ils n’en ont jamais vu. ArrivĂ©s en Allemagne, le voyage va s’éterniser car le train reste Ă  l’arrĂȘt dans la journĂ©e et ne circule que la nuit. Ils dĂ©couvriront nĂ©anmoins pour la premiĂšre fois les sommets enneigĂ©s des montagnes de la ForĂȘt Noire et les larges vallĂ©es couvertes de sapins. Annemasse en direction de la France libre Puis, aprĂšs une derniĂšre fouille, c’est l’arrivĂ©e Ă  la frontiĂšre suisse, l’accueil chaleureux en pays neutre en gare de BĂąle dĂ©corĂ©e avec des drapeaux français. C’est au tour des soldats allemands d’ĂȘtre confinĂ©s dans leur wagon et de faire demi tour. Un nouveau train bien confortable va les conduire en France vers GenĂšve et enfin Annemasse aprĂšs trois semaines de voyage. En annexe 1, un article de journal dĂ©crit ce parcours et l’arrivĂ©e en gare de Perpignan d’une partie de ce convoi. Il dĂ©crit un accueil trĂšs chaleureux qui ne correspond pas tout Ă  fait Ă  ce que les rĂ©fugiĂ©s ont rĂ©ellement vĂ©cu durant la guerre ils auront des difficultĂ©s Ă  retrouver un travail Ă  l’image d’Édouard Toussaint qui bien qu’ancien patron d’un atelier de tulle devra se contenter d’un poste d’ouvrier agricole 
 Ă  65 ans, ils seront critiquĂ©s pour leur accent et leur patois du Nord, les plus rĂ©calcitrants iront mĂȘme jusqu’à l’injure suprĂȘme en les dĂ©signant comme Les boches du Nord » Les rĂ©fugiĂ©s en France libre. Une fois en France libre, la famille Toussaint doit d’abord se faire enregistrer et dĂ©cliner son identitĂ© auprĂšs des reprĂ©sentants de la prĂ©fecture. Puis elle doit au plus vite lever deux inquiĂ©tudes qui tenaillent la famille depuis le dĂ©but de la guerre. Il faut d’abord retrouver Paul Toussaint dont ils sont sans nouvelles depuis le jour de sa mobilisation, le 2 aout 1914 et, ensuite, retrouver une activitĂ© si possible dans leur spĂ©cialitĂ© le textile. Ils vont ĂȘtre surpris par un comitĂ© d’accueil plutĂŽt chaleureux et surtout bien organisĂ© en effet, depuis novembre 1914, un ComitĂ© des RĂ©fugiĂ©s du Nord s’est créé Ă  Paris et diffuse un BULLETIN des RÉFUGIÉS DU NORD ». Ce bulletin est distribuĂ© auprĂšs des rĂ©fugiĂ©s dans toute la France libre mais aussi auprĂšs des soldats français au cƓur des tranchĂ©es comme l’indique non sans humour l’extrait ci-joint
car dans les tranchĂ©es 
 on y trouve sans doute eau et gaz
asphyxiants Ă  tous les Ă©tages. Son objectif est d’une part d’aider Ă  rĂ©tablir un lien entre rĂ©fugiĂ©s et leur famille qu’elle soit sur le front ou expulsĂ©e en France libre et d’autre part de permettre Ă  chaque rĂ©fugiĂ© de retrouver un emploi en diffusant les demandes d’emploi des usines comme des particuliers. Une des premiĂšres surprises d’Édouard Toussaint et ses enfants est la dĂ©couverte du terme poilu » nom familier donnĂ© aux soldats français partis au combat, ce nom n’a pas encore traversĂ© la ligne de front et reste ignorĂ© de la France occupĂ©e . Paul Toussaint en 1915 Grace au bulletin et au bouche Ă  oreille ils vont retrouver rapidement et, non sans fiertĂ©, Paul Toussaint qui se bat courageusement au sein du 94Ăšme rĂ©giment d’infanterie dans les tranchĂ©es de Bagatelle autour de Verdun. Il obtiendra la Croix de Guerre, le grade de caporal en Mai 1915 puis celui de sergent en Juin 1915. Reste maintenant Ă  communiquer ces bonnes nouvelles Ă  son Ă©pouse Marie Victoire restĂ©e Ă  Troisvilles en zone occupĂ©e. Comme l’explique le Bulletin des RĂ©fugiĂ©s du Nord, c’est loin d’ĂȘtre simple il faut impĂ©rativement connaĂźtre un soldat français prisonnier des Allemands, c’est ainsi qu’ils retrouveront un cousin Ă©loignĂ© Jules Lemaire prisonnier Ă  Friedrischfeld bei Viesel voir ci dessus. Ce dernier relaiera l’information grĂące Ă  sa carte postale mensuelle autorisĂ©e mais censurĂ©e par l’occupant. Il faut maintenant retrouver une ville de refuge et un emploi. A l’arrivĂ©e Ă  Annemasse, les rĂ©fugiĂ©s n’ayant pas de parent ou de relation dans la France libre sont envoyĂ©s dans le midi.voir annexe 2 La famille Édouard Toussaint rĂ©fugiĂ©e Ă  St Pierre les Elbeuf Édouard Toussaint, chef de mĂ©nage, reçoit du sucre La famille Toussaint de son cotĂ© n’a certes pas de relation spĂ©cifique mais manifeste son souhait de rejoindre la rĂ©gion d’Elbeuf pour retrouver une usine textile. Elle n’ignore pas que certaines entreprises textile venues du Nord comme François Masurel ou Pruvost ont, dĂšs le dĂ©but du conflit, ouvert des ateliers au sud de Rouen pour continuer, malgrĂ© le conflit, Ă  servir leur clientĂšle. C’est ainsi qu’elle s’installe Ă  Saint Pierre les Elbeuf. On la retrouve dans un Recensement de la population rĂ©fugiĂ©e » effectuĂ© dĂ©but 1916. Elle est logĂ©e dans un modeste 2 piĂšces rue de la BretĂšgue. Édouard Toussaint pĂšre sera contraint d’accepter un poste d’ouvrier agricole malgrĂ© ses 65 ans, Édouard junior est ouvrier d’usine et Elvina Ă©tant handicapĂ©e reste mĂ©nagĂšre. Ils vont rester dans cette ville des bords de Seine jusqu’à la fin de la guerre en 1918. La vie ne semble pas facile en zone libre et les restrictions alimentaires sont frĂ©quentes comme le prouve cette liste des chefs de mĂ©nage » de juillet 1918 qui essaie de rĂ©partir Ă©quitablement le sucre disponible entre les diffĂ©rentes familles. La vie en zone occupĂ©e. Pendant ce temps, Marie Victoire Toussaint et sa fille GisĂšle sont restĂ©es Ă  Troisvilles en zone occupĂ©e. Tu mangeras du rutabaga pourri et du pain !» voilĂ  ce que me disait ma mĂšre GisĂšle Toussaint lorsque tout gamin en 1950, je faisais de longues dents » devant un plat sans saveur qu’elle venait de prĂ©parer. Ces quelques mots rĂ©sument ce qu’elle-mĂȘme a vĂ©cu pendant sa propre enfance dans Troisvilles occupĂ©. Chanson sur le pain KK » La pĂ©nurie dĂ©bute peu aprĂšs l’arrivĂ©e de l’armĂ©e d’occupation. L’Allemagne soumise au blocus anglais souffre elle-mĂȘme du manque de vivres et se refuse Ă  entretenir les populations des territoires occupĂ©s L’occupant saisit les stocks alimentaires dĂšs son arrivĂ©e, il s’empare de 80 % de la rĂ©colte de blĂ© de 1915, 75 % de celle de pommes de terre. Il saisit la majoritĂ© des Ɠufs et du bĂ©tail. Ainsi, fin 1918, le cheptel des territoires aura Ă©tĂ© rĂ©duit au quart de celui de l’avant-guerre. pain K K Heureusement des organismes d’assistance vont se crĂ©er comme le C R B Comity for Relief in Belgium Commission pour le secours en Belgique qui se dotera d’une annexe dans le Nord au printemps 1915. Mais tout le long de la guerre, les rations quotidiennes par habitant resteront fluctuantes et insuffisantes et de plus dĂ©sĂ©quilibrĂ©es avec de fortes carences, notamment en vitamines. NĂ©anmoins Troisvilles souffrira moins de la famine que les grandes villes car les agriculteurs parviendront, non sans mal, Ă  dissimuler une partie de leur production. On imagine ma grand mĂšre Marie Victoire essayant de faire tourner sa boulangerie malgrĂ© les restrictions imposĂ©es par l’occupant et obligĂ©e d’affronter les rancƓurs de la population du village comme le montre le tĂ©moignage de Lucienne Courouble voir Annexe 2. Aux difficultĂ©s d’approvisionnement des cĂ©rĂ©ales, s’ajouteront celles du charbon devenu rare pour faire fonctionner le four Ă  pain. Face Ă  la pĂ©nurie de farine, les Allemands imposent la composition du pain dans un premier temps en rĂ©duisant le tamisage des impuretĂ©s le blutage puis, ils inventent le pain Kriegsbrot pain de guerre, composĂ© de 70 % de farine de froment et de 30 % de seigle , bientĂŽt mĂȘlĂ© de farine de pommes de terre. Ensuite ce fut le tour du pain KK KartoffelKriesggbrot pain de guerre aux pommes de terre dans lequel se trouvent 35 % de pommes de terre. Ces pains sont lourds, indigestes et l’estomac a du mal Ă  le supporter. Et pourtant, les hygiĂ©nistes allemands auront le culot d’y rajouter de la paille hachĂ©e en affirmant IndĂ©pendamment de la fibre vĂ©gĂ©tale, elles les pailles contiennent de l’albumine, du sucre, du mucilage, des substances minĂ©rales, surtout de la silice » 
 Une chanson Le pain KK, c’est magnifique ! », Ă©crite par un inconnu sur l’air de la petite Tonkinoise », popularisĂ© par JosĂ©phine Baker, complĂ©tera sa rĂ©putation. Les prix, la rĂ©glementation des dĂ©placements et du transport des aliments paralysent le commerce en particulier pendant l’hiver glacial de 1916-1917. Un seul sujet hante les conversations le ravitaillement ! Les enfants dĂ©pĂ©rissent par manque de nourriture, certaines personnes ĂągĂ©es devenues trop faibles succombent. Rutabaga De nouvelles habitudes alimentaires sont imposĂ©es par l’occupant. Le maĂŻs et le rutabaga sont dĂ©sormais utilisĂ©s dans l’alimentation rutabaga est une sorte de choux-raves dont naguĂšre les bestiaux se contentaient Ă  peine et qui n’avaient aucune valeur nutritive. NĂ©anmoins, on les vit apparaĂźtre sur bien des tables, il avait la rĂ©putation de bien se conserver Ă  la cave Ă  l’abri de la lumiĂšre . Des livres de cuisine lui sont mĂȘme consacrĂ©s. Livre Recettes Rutabaga La dĂ©brouillardise est Ă©galement de mise. Des succĂ©danĂ©s ou Ersatz en allemand font leur apparition pour remplacer le cafĂ©, on torrĂ©fie des cĂ©rĂ©ales graines de seigle ou de froment, avec de la chicorĂ©e, crĂ©ant un mĂ©lange appelĂ© torrĂ©aline », mais aussi du riz ou des betteraves. Le miel artificiel et la saccharine, se substituent progressivement au sucre. Le beurre est parfois remplacĂ© par de la margarine. Devant le manque de ravitaillement, les Allemands iront jusqu’à faire cultiver des orties. Une Ă©conomie parallĂšle se dĂ©veloppe celle du marchĂ© noir, oĂč les produits sont vendus Ă  des prix exorbitants. Les personnes qui profitent des malheurs de la guerre, les accapareurs », sont surnommĂ©es les Rutabagas » ou encore les Graindor » ou Grains d’or » en raison du prix auxquels ils vendent le froment en fraude. Juillet 1916_Septembre 1916 de l’espoir au dĂ©sespoir Depuis que son pĂšre est installĂ© Ă  Saint Pierre les Elbeuf, Paul Toussaint a retrouvĂ© le contact avec sa famille. AffectĂ© au 8Ăšme Bataillon de Chasseurs Ă  pied depuis avril 1916, il s’est distinguĂ© courageusement Ă  Verdun dans les tranchĂ©es du Mort Homme. Il est dĂ©but juillet en train de reprendre des forces dans un secteur calme en Lorraine Ă  Reillon. DĂ©but juillet 1916 la presse française, le journal La Patrie, annonce l’offensive française et anglaise sur la Somme a Ă©clatĂ© hier comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Bataille de la Somme07/1916_11/1916 Cette nouvelle, donne plein d’espoir Ă  la famille Toussaint car elle montre un fort engagement des Anglais auprĂšs des forces françaises et surtout, elle laisse penser que Troisvilles situĂ© Ă  40 km de Bapaume sera bientĂŽt libĂ©rĂ©. Mais faut-il faire confiance aux communiquĂ©s de presse ? Si le journal annonce que pour le seul premier juillet, les forces alliĂ©es anglaises et françaises ont fait 5500 prisonniers, il ne mentionne pas la vĂ©ritable catastrophe que vient de subir l’armĂ©e britannique avec 58 000 soldats mis hors de combat dont 19 240 morts en une seule journĂ©e. En aout 1916, l’enthousiasme initial s’est dĂ©jĂ  bien estompĂ©. La presse française reconnaĂźt que les Allemands sont repassĂ©s Ă  l’offensive et qu’ils n’hĂ©sitent pas Ă  recourir aux terribles lance flammes. Certes, les armĂ©es alliĂ©s continent Ă  progresser mais les avancĂ©es se limitent Ă  quelques centaines de mĂštres par jour. Autre point d’inquiĂ©tude Paul Toussaint et le 8Ă©me BCP viennent de quitter la Lorraine pour la Somme, ils sont envoyĂ©s en premiĂšre ligne dĂšs le 19 septembre avec pour mission d’attaquer Rancourt le 25 septembre. L’annexe 3 reprend les principaux communiquĂ©s de presse diffusĂ©s du 18 au 21 septembre . On voit combien ces communiquĂ©s sont devenus de vĂ©ritables outils de propagande et destinĂ©s Ă  tromper l’adversaire Ă  l’exemple du Bulletin Allemand qui pour le 20 septembre annonce Sur le champ de bataille de la Somme, aucun Ă©vĂšnement d’importance particuliĂšre » alors qu’ils ont menĂ© de furieux assauts de 9h du matin Ă  la tombĂ©e de la nuit . HĂ©las, ce 20 septembre, Paul Toussaint sera tuĂ© au combat au Sud de Rancourt. La bataille prit fin le 18 Novembre 1916. Le bilan fut, sur le plan militaire, peu convaincant. Si elle a permis de faire baisser la pression sur Verdun, les gains de territoires pour les AlliĂ©s furent trĂšs modestes, et surtout, le front allemand ne fut pas percĂ© ce qui Ă©tait l’objectif initial. Les combats usĂšrent les adversaires, sans vainqueurs ni vaincus. Au cours de cette bataille de la Somme, les assauts des alliĂ©s franco-britanniques se briseront sur les murailles adverses. Les Allemands pourront rĂ©sister car ils se rĂ©fugieront dans des tranchĂ©es profondes pendant les violents tirs d’artillerie. La bataille aura permis sur une ligne de front de 50 km une avancĂ©e de 12 kilomĂštres tout au plus mais les pertes humaines seront sans prĂ©cĂ©dent. Tous belligĂ©rants confondus, on comptera 1 200 000 morts, blessĂ©s et disparus dont 500 000 Britanniques, 200 000 Français et 500 000 Allemands. Ce 20 septembre 1916, le malheur et le dĂ©sespoir est tombĂ© sur la famille et la suite de la guerre ne sera qu’une sĂ©rie de questions qui resteront sans rĂ©ponse. Caudry Destructions La rĂ©gion est couverte de nombreuses ruines. Qui et comment va-t-on reconstruire? Marie Victoire Toussaint apprendra la disparition de son mari tuĂ© au combat par un message de son corps d’armĂ©e. Mais son corps a-t-il Ă©tĂ© identifiĂ©? OĂč est-t-il enterrĂ©? Ce n’est qu’aprĂšs la guerre, qu’elle aura la confirmation qu’il est bien mort Ă  Rancourt, lors de la visite d’un poilu qui Ă©tait Ă  ses cotĂ©s ce 20 Septembre 1916 mais son corps ne sera jamais retrouvĂ©. Comment fera-t-elle tourner la boulangerie qu’ils avaient lancĂ©e ensemble ? Comment assurer l’éducation de sa petite GisĂšle? Édouard Toussaint le tulliste a vu son outil de travail dĂ©truit par l’ennemi dĂšs les premiers jours de la guerre. Que fera-t-il de retour Ă  Troisvilles aprĂšs la guerre? Le tulle restera-t-il Ă  la mode et aussi prisĂ© qu’avant guerre? Quel avenir pour ses deux enfants Édouard et Elvina partis avec lui en France libre ? François Marie Lenglet Mars 2019 Annexe 1 La poignĂ©e de main du Midi au Nord Perpignan Fait Un Inoubliable Accueil Aux Évacues Du Nord Cinq cents CaudrĂ©siens, Ă©vacuĂ©s par l’Allemagne et la Suisse par l’autoritĂ© allemande viennent d’arriver Ă  Perpignan. Partis de Caudry le jeudi 11 mars Ă  5 heures du soir, au nombre de mille, ils furent d’abord envoyĂ©s en Allemagne oĂč ils logĂšrent dans des prisons et dans des forts, puis ils traversĂšrent la Suisse oĂč on les acclama, notamment Ă  GenĂšve puis Annemasse, et enfin arrivĂšrent Ă  Perpignan dĂ©but Avril. Notre confrĂšre L’IndĂ©pendant des PyrĂ©nĂ©es Orientales dĂ©crit ainsi cette arrivĂ©e Quand le train entre en gare, la foule, massĂ©e aux barriĂšres, acclame les rĂ©fugiĂ©s. A leur descente du train, nos chers malheureux dĂ©filaient, sous le hangar de la grande vitesse, devant des tables oĂč leur identitĂ© Ă©tait contrĂŽlĂ©e et leur fiche Ă©tait dressĂ©e. Ils passaient de lĂ  dans la partie transformĂ©e adroitement en un vaste rĂ©fectoire oĂč un diner chaud les attendait. LarrivĂ©e, les formalitĂ©s, le repas et la rĂ©partition se sont effectuĂ©s assez bien. Les employĂ©s de la Compagnie du Midi, en particulier, mĂ©ritent de vifs Ă©loges. Que le dĂ©vouement fĂ©minin Ă©tait prĂ©sent, nous navons pas besoin de le dire ; il y avait des mĂšres Ă  consoler, des Ă©pouses Ă  encourager, il y avait Ă  se dĂ©penser, Ă  se prodiguer charitablement, les Perpignanaises Ă©taient lĂ  les bras ouverts pour accueillir leurs sƓurs dĂ©shĂ©ritĂ©es. RemarquĂ©es, notamment, les dĂ©lĂ©gations de l’Union des Femmes de France et des Dames de la Croix-Rouge. Et le dĂ©vouement s’est dĂ©pensĂ© sans compter ici Mlle S. demande deux orphelins; lĂ , Mme J. recueille une jeune veuve et son enfant, dans la foule un de nos dĂ©putĂ©s porte dans ses bras un petit qui pleure Ă  chaudes larmes; un ouvrier embrasse une petite orpheline et va l’ajouter Ă  sa famille dĂ©jĂ  nombreuse. C’est l’altruisme dans toute sa beautĂ©. Le Midi veut sa part des maux de la guerre; il pansera les souffrances du Nord. Et quand nos chers rĂ©fugiĂ©s se sont restaurĂ©s, un train spĂ©cial de 5 wagons est formĂ© et en emporte 250 environ vers Saint-Paul et Maury. Il est 10 h. 22. Aux 250 autres qui resteront Ă  Perpignan, il est distribuĂ© des bons pour les deux repas de demain. Puis ils sont rĂ©partis dans divers immeubles amĂ©nagĂ©s pour les recevoir et partent par groupes avec leurs bagages. Ce dĂ©part est assez laborieux et il est prĂšs de minuit quand les derniers de nos chers malheureux quittent la gare. HĂ©las! Par suite d’un malentendu, sept d’entre eux se trouvent dĂ©semparĂ©s. — Eh bien! Je les prends tous chez moi. dit aussitĂŽt Mme Grau. Et sous l’escorte d’un agent, elle emmĂšne tout le groupe chez elle, aux Quatre-Cazals. Le dernier mot devait rester Ă  la bontĂ©. » Le surlendemain, MM. Seydoux, dĂ©putĂ© de la deuxiĂšme circonscription de Cambrai et Metayers, conseiller d’arrondissement du canton de Le Cateau venaient Ă  Perpignan visiter leurs compatriotes. Ici, laissons encore la parole Ă  notre confrĂšre de Perpignan Tout Ă  coup ces braves gens, hommes et femmes, la voix coupĂ©e par les sanglots ont entonnĂ© la Marseillaise avec une ferveur et une sincĂ©ritĂ© qui ont fait couler bien des larmes. On s’est sĂ©parĂ© profondĂ©ment Ă©mus, aux cris de Vive la France ! ». A Saint-Paul, les 150 rĂ©fugiĂ©s ont Ă©tĂ© logĂ©s chez les habitants qui leur ont fait un accueil inoubliable. A Maury, les 100 rĂ©fugiĂ©s ont chacun leur logement propre et bien installĂ©. Hommes, femmes et enfants de Caudry, Ă  Maury et Ă  Saint-Paul comme Ă  Perpignan, Ă©taient enchantĂ©s de voir leur dĂ©vouĂ© dĂ©putĂ© et leur actif conseiller d’arrondissement M. MĂ©tayers. Ils se rendaient compte qu’ils n’étaient pas oubliĂ©s et que s’ils Ă©taient loin des yeux Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la France, ils Ă©taient toujours prĂšs du cƓur. Leurs visiteurs leur ont donnĂ© des renseignements prĂ©cis sur ceux de leurs parents qui sont aux armĂ©es, tandis que les rĂ©fugiĂ©s donnaient des dĂ©tails complets sur l’occupation allemande Ă  Caudry. Nos hĂŽtes rendent hommage Ă  l’accueil cordial qui leur a Ă©tĂ© fait dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales et qui a Ă©tĂ© une consolation pour eux Des ÉvacuĂ©s De Roubaix et Douai En derniĂšre heure, nous apprenons que 500 personnes Ă©vacuĂ©es de Roubaix et 400 familles de Douai viennent d’arriver Ă  Annemasse pour ĂȘtre dirigĂ©es sur diffĂ©rentes villes du Midi oĂč le soleil et la gĂ©nĂ©rositĂ© des habitants les rĂ©conforteront. Extraits du Bulletin des RĂ©fugiĂ©s du Nord » du 3/04/1915 Annexe 2 TĂ©moignage sur la vie et le ravitaillement en zone occupĂ©e le pain Lucienne Courouble Lucienne Courouble rĂ©sidant Ă  EtrƓungt en zone occupĂ©e 40 km de Troisvilles a Ă©crit, au jour le jour, les Ă©vĂ©nements petits ou grands de sa vie sous l’occupation allemande. Les Allemands n’ont pas trouvĂ© ses Ă©crits qu’elle avait cachĂ©s bien Ă  plat derriĂšre la tapisserie de sa salle de sĂ©jour. Nous avons repris uniquement les phrases de son compte rendu journalier consacrĂ©es au pain. On comprend qu’elle a souffert de la faim tout au long de la guerre elle revient 27 fois sur les problĂšmes d’approvisionnement en pain et sur sa qualitĂ©. Extraits 18/10/14 La farine va devenir rare, les allemands se rĂ©servent tout le blĂ© des moulins qui approvisionnaient le pays. Ils l’ont bien dit Nous vaincus, mais vous mourir de faim. 05/01/15 Annonces “La culture de la betterave est interdite pour 1915. » L’ensemencement des terres est-il fait dans la commune ? » On doit ensemencer blĂ©, orge, avoine et pomme de terre. » Les maires doivent dire si les graines d’ensemencement sont en quantitĂ© suffisante dans la commune. » 14/01/15 Par ordre de Monsieur le Gouverneur, les boulangers ne doivent plus vendre de pain aux personnes Ă©trangĂšres Ă  la commune. De plus, chaque personne n’aura plus droit qu’à 250 grammes de pain par jour ! Assez pour ne pas mourir de faim. À Avesnes, ils ont enlevĂ© toute la farine de blĂ© se trouvant chez les boulangers et vendent de la farine de seigle Ă  120 Francs les 100 kilos. Ils commencent Ă  rĂ©aliser leur parole Nous vaincus, mais vous crever de faim. 15/01/15 Un sursis d’un jour est encore accordĂ© pour le pain mais quelle cohue aux boulangeries ! Certains y ont passĂ© la journĂ©e pour n’en pas avoir. Le soir, on apprend que demain la farine en dĂ©pĂŽt chez les boulangers sera remplacĂ©e par de la farine de seigle. Pourvu qu’on ne diminue pas les rations ! Dans certains pays, on n’a, dit-on, que 115 grammes par jour. Trop pour ne pas mourir ; pas assez pour vivre ! 18/01/15 À Fourmies, plus de pain jusque vendredi. Cela ne nous arrivera-t-il pas aussi ? Chaque famille a encore un pain Ă  chaque boulangerie. 19/01/15 Pour le pain, encore rien de nouveau ; Ă  Avesnes le pain de seigle, qui a Ă©tĂ© fait hier, a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© immangeable par le Gouverneur lui-mĂȘme qui permet d’y remettre de la farine de blĂ© 22/01/15 Belle journĂ©e. Aujourd’hui le pain contient 1/10 de farine de seigle 12/02/15 On annonce que les Ă©migrĂ©s n’auront plus droit qu’à 250 grammes de pain par jour 19/02/15 À La Rouillies, ils n’ont eu qu’une fois du pain cette semaine et quel pain ! Son, paille, eau, nulle trace de farine. 21/03/15 Le pain devient extra’ son, paille, rebulet dĂ©chets de mouture, senĂ©, tout y est sauf la farine et encore, combien de fois on est sans levure ! 27/03/15 RĂ©gime de fer pour tous. Le pain est de plus en plus noir et dĂ©testable 31/03/15 Plus de pain depuis ces deux jours. 08/05/16 Le pain est atroce. Les Ɠufs sont encore payĂ©s 20 centimes piĂšce par les Allemands qui les revendent Ă  St-Quentin 70 centimes. 24/02/17 Continuation du froid et du mauvais pain. Quelles calamitĂ©s ! 20/06/17 La farine arrive enfin. Nous aurons du pain demain. Pas trop tĂŽt ! 15/06/18 Le ravitaillement diminue de plus en plus
 Le pain noir Ă  partir de mercredi et 25 gr de moins !! 07/11/18 Serons-nous dĂ©bochĂ©s » ce soir ? 08/11/18 Enfin nous sommes Français ! Cela continue Ă  canarder 
.La nuit est encore mouvementĂ©e. Enfin le matin tout EtrƓungt est libĂ©rĂ© par le 23e chasseur Alpin Annexe 3 Bataille de la Somme 09/ 1916 Extraits des BULLETINS OFFICIELS 1 Journal de la zone occupĂ©e; contrĂŽlĂ© par les Allemands Gazette des Ardennes BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS Rancourt 20/09/1916 Paul Toussaint tuĂ© Ă  l’ennemi 17 septembre I916 Groupe darmĂ©e du Kronprinz Rupprecht de BaviĂ©re ». A la Somme la bataille de durĂ©e continue. Au Nord du fleuve toutes les attaques ont Ă©tĂ© repoussĂ©es sanglantes, en partie dĂ©jĂ  sous notre feu de barrage
.A Combles, nous abandonnĂąmes quelques tranchĂ©es complĂštement bouleversĂ©es
.. 20 septembre I916. Sur le champ de bataille de la Somme aucun Ă©vĂ©nement d’importance particuliĂšre. Quelques poussĂ©es ennemies ont Ă©tĂ© rejetĂ©es
. 21 septembre I916. 
 Au Sud-ouest de Rancourt et Ă  Bouchavennes, nous avons reperdu, aprĂšs des combats acharnĂ©s, du terrain que nos troupes avaient conquis en attaquant. Au Sud de Rancourt nous avons maintenu des tranchĂ©es prises par nous. BULLETINS OFFICIELS FRANCAIS 18 septembre 1916. Au Nord de la Somme, une attaque vivement menĂ©e nous a rendu maĂźtres d’un nƓud de tranchĂ©es ennemies Ă  deux cents mĂštres environ au Sud de Combles. Cette opĂ©ration nous a valu une cinquantaine de prisonniers, dont deux officiers
.. 19 septembre 1916, 3 heures. Sur le front de la Somme, le mauvais temps a gĂȘnĂ© les opĂ©rations
 20 septembre 1916 soir. Au Nord de la Somme, les Allemands ont tentĂ© aujourd’hui un puissant effort pour nous dĂ©loger des positions que nous avons rĂ©cemment conquises. La bataille a durĂ© de 9 heures du matin Ă  la tombĂ©e de la nuit. Sur un front de cinq kilomĂštres environ, depuis la ferme le Priez jusqu’au Sud de la ferme du bois LabĂ©, les masses assaillantes se sont lancĂ©es Ă  l’attaque Ă  plusieurs reprises , prĂ©cĂ©dĂ©es chaque fois de violentes prĂ©parations d’artillerie. Nos troupes ont rĂ©sistĂ© magnifiquement Ă  tous les assauts et ont repoussĂ© l’adversaire par des feux croisĂ©s de mitrailleuses et d’artillerie. Partout, nous avons maintenu nos positions et conservĂ© intĂ©gralement le terrain conquis. La lutte a Ă©tĂ© particuliĂšrement acharnĂ©e aux abords de la ferme le Priez et dans la rĂ©gion de Bouchavennes. Devant la ferme de Priez, quatre vagues d’assaut ont Ă©tĂ© successivement hachĂ©es par nos feux. On a vu l’attaque ennemie se disloquer et refluer en dĂ©sordre derriĂšre la crĂȘte, laissant le terrain couvert de cadavres. Dans le secteur de Bouchavennes, les Allemands qui, aprĂšs plusieurs Ă©checs sanglants Ă©taient parvenus vers treize heures Ă  prendre pied dans la partie Nord-est du village, en ont Ă©tĂ© rejetĂ©s Ă  la baĂŻonnette par une contre attaque irrĂ©sistible de nos troupes. Cinquante prisonniers dont plusieurs officiers sont restĂ©s entre nos mains. D’aprĂšs les constatations faĂźtes sur tout le front d’attaque et les dires des prisonniers, l’ennemi a subi des pertes considĂ©rables. Canonnade habituelle sur le reste du front. 2 Journal de la zone libre; contrĂŽlĂ© par les Français La Patrie 20 septembre 1916 Quelle journĂ©e au nord de la Somme ! Pluie torrentielle, qui, cette fois, na pas arrĂȘtĂ© les opĂ©rations. Les Allemands ayant lu dans nos rĂ©cents communiquĂ©s que le mauvais temps gĂȘnait nos attaques, ont-ils cru qu’ils pourraient profiter de la bourrasque pour nous chasser de nos nouvelles positions? On serait tentĂ© de l’admettre, Ă  en juger par la violence et l’étendue des assauts qu’ils ont hier, sous la pluie, dirigĂ©s depuis la ferme Le Priez jusqu’à la ferme du bois LabĂ©. Cinq kilomĂštres de front pour le moins, avec de nombreuses reprises d’actions chaque fois prĂ©cĂ©dĂ©es de violentes prĂ©parations d’artillerie. HĂątons nous de dire l’insuccĂšs complet de l’effort allemand. Sources principales JMO Historiques des rĂ©giments SynthĂšse RĂ©giments , TĂ©moignages livre Invasion 14 de Maxence Van der Meersch . Commeun arc-en-ciel par dessus le siĂšcle, en Ă©crivant l'histoire de ma vie, je contribue Ă  en amĂ©liorer sa qualitĂ©. Toutes ces heures passĂ©es, le dos penchĂ© Ă  noter, Ă  Ă©crire parfois dans un cahier et depuis 4 ans sur l’ordinateur, sont La diffĂ©rence entre blĂ© et froment est que “blĂ©â€ est terme gĂ©nĂ©rique qui dĂ©signe plusieurs cĂ©rĂ©ales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes annuelles de la famille des graminĂ©es ou PoacĂ©es, cultivĂ©es dans de trĂšs nombreux pays pour obtenir de la farine permettant de faire du pain tandis que “froment” est blĂ© tendre. — Note Se dit tant de la plante en culture que du grain communAgriculture Botanique Terme gĂ©nĂ©rique qui dĂ©signe plusieurs cĂ©rĂ©ales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes annuelles de la famille des graminĂ©es ou PoacĂ©es, cultivĂ©es dans de trĂšs nombreux pays pour obtenir de la farine permettant de faire du produit par ces plantes.Vieilli Champ de blĂ©.Argot Argent, jaune chaud lĂ©gĂšrement brillant. E8D630Variantes orthographiquesbled ArchaĂŻsmeHyperonymesPoacĂ©es Poaceae ou graminĂ©es 1jaune 5HyponymesblĂ© dur Triticum turgidum subsp. durumblĂ© tendre, froment Triticum aestivumĂ©peautre Triticum speltaNom communAgriculture Vieilli BlĂ© tendre. — Note Se dit tant de la plante en culture que du grain rĂ©coltĂ©.Suisse Toute cĂ©rĂ©ale Ă  Liliopsida PoacĂ©es Poaceae ou graminĂ©esPoacĂ©es Poaceae ou graminĂ©es Surles bords de la Rance, oĂč j'ons vu le jour J'ons la douce espĂ©rance d'ĂȘtre aimĂ© d'amour Dans une mĂ©tairie comme aide-berger Pour mieux voir ma jolie, je me suis gagĂ© {Refrain:} Ah ! Nulle bretonne n'est plus mignonne Ă  voir Que la belle que l'on appelle Fleur de blĂ© noir Non, non ! Nulle bretonne n'est si mignonne A voir que ma La farine de sarrasin est rĂ©putĂ©e pour sa composition naturelle exempte de gluten. Outre sa saveur particuliĂšre qui rĂ©jouit les gourmands, la farine de sarrasin est l’incontournable Ă  avoir dans ses placards de cuisine, pour les intolĂ©rants / allergiques ou ceux qui pratiquent une alimentation limitĂ©e en gluten. DĂ©couvrons ensemble les bienfaits du blĂ© noir ».J’enfile ma casquette de “Bibi l’experte” et munie de ma loupe, nous allons explorer cette cĂ©rĂ©ale pourvue en protĂ©ines de tout
📌Cependant, je tiens Ă  prĂ©ciser que toutes ces informations sont le fruit de mes recherches et expĂ©rimentations personnelles. Elles sont le reflet de mes croyances donc ne prenez rien pour acquis. Je vous invite aussi Ă  faire vos propres investigations et expĂ©riences afin que vous trouviez Ă©galement ce qui fonctionne pour vous, car nous sommes tous Le sarrasin est une graine de fruitEn premier lieu, cher lecteur, je vous livre un scoop le sarrasin n’est pas un dĂ©rivĂ© de la famille du blĂ©. Par consĂ©quent, il est surnommĂ© blĂ© noir » Ă  tort, car c’est une plante Ă  alors d’oĂč tient-il son nom me diriez-vous ?Le sarrasin en fleurs2. Il Ă©tait une fois
Il s’agit en fait d’une graine de fruit bien que beaucoup croient que le sarrasin soit un grain suppose que le nom anglais buckwheat vient du mot nĂ©erlandais bockweit, qui signifie littĂ©ralement blĂ© de hĂȘtre » Ă  cause de la forme du sarrasin qui ressemble Ă  celle de la faĂźne le fruit du hĂȘtre et de ses caractĂ©ristiques similaires Ă  celles du le sarrasin est une plante Ă  larges feuilles originaire du nord de l’Asie et membre de la mĂȘme famille que la rhubarbe et l’ grains sont marron et sont environ de la mĂȘme grosseur que les graines de soja avec une forme graines de sarrasin pour ĂȘtre transformĂ©es en farine de sarrasin3. CĂŽtĂ© cuisine ailleursBien que le sarrasin soit principalement moulu sous forme de farine, il est utilisĂ© dans une variĂ©tĂ© d’aliments, comme les nouilles au Japon. En effet, elles servent d’ingrĂ©dient de base Ă  la fabrication des pĂątes AmĂ©rique du Nord, il sera utilisĂ© pour faire des crĂȘpes et des cĂ©rĂ©ales. Quant aux Russes et les EuropĂ©ens de l’Est, ils utilisent le sarrasin dans une grande variĂ©tĂ© d’ nouilles au sarrasin4. Les dĂ©clinaisons du sarrasinNous le trouvons sous diffĂ©rentes formes moulu,entier,Ă©calĂ© blanc,grillĂ© kasha,concassĂ© gruau.Dans cet article, nous nous intĂ©ressons Ă  la forme moulu » mais jetons un rapide coup d’Ɠil sur le son et le kasha ». Le son de sarrasinLe son de sarrasin est extrĂȘmement nutritif, riche en fibres, en protĂ©ines, en fer et contient un bon nombre d’antioxydants qui aident Ă  recharger votre systĂšme Le sarrasin dĂ©cortiquĂ© grillĂ© appelĂ© kasha »Le gruau rĂŽti, aussi appelĂ© kasha, est cuit comme le riz et peut ĂȘtre utilisĂ© comme plat d’accompagnement en protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, servi avec des pois kasha a une saveur corsĂ©e et terreuse et peut constituer un ajout dĂ©licieux aux soupes et aux Graines de sarrasin suggestion de recette salĂ©e et En cuisine Compter 60 g / minutieusement les grains entiers sous l’eau. Cuisson 3 mn eau bonne cuisson des graines de sarrasin rincez-les et faites-les cuire dans 1,5 fois leur volume d’eau salĂ©e, Ă  couvert et Ă  feu doux, environ 5 min. Pas plus, c’est trĂšs rapide !!Laissez ensuite reposer dans la casserole toujours couverte. Le kasha peut Ă©galement ĂȘtre consommĂ© cru, apportant du croquant Ă  une salade, des fruits de mer, une viande grillĂ©e, un poisson blanc
 En pĂątisserie Dans la recette de la crĂšme dessert au chocolat Ă  base de tofu soyeux, je vous livre une astuce pour apporter un topping original et croquant FaĂźtes revenir dans une poĂȘle huilĂ©e et bien chaude les graines de sarrasin dĂ©cortiquĂ©es. Bien remuer afin que le sarrasin soufflĂ© ne brĂ»le pas. L’odeur de grillĂ© vous rappellera celle du pop corn. RĂ©servez Ă  tempĂ©rature ambiante avant dĂ©coration et dessert au chocolat et tofu soyeux6. Farine de sarrasin la choisir bioElle existe en bio, mais la culture de cette plante rustique, qui pousse sur des sols pauvres, ne nĂ©cessite pas de pesticides. Toutefois, une prĂ©fĂ©rence pour la farine de sarrasin Ă  la meule de pierre la mouture est plus grossiĂšre, l’amidon moins abĂźmĂ© a un index glycĂ©mique plus bas et les micronutriments sont mieux regarde aussi la date elle contient un peu de lipides, qui s’oxydent vite. C’est pourquoi il est recommandĂ© de la garder au frais dans un paquet bien refermĂ© et de la consommer dans les deux mois au couleur grise apporte une jolie couleur brune aux prĂ©parations et sa saveur particuliĂšre, une note trĂšs prononcĂ©e de sarrasin appartient Ă  la mĂȘme famille que la rhubarbe ou l’ l’utilise aussi bien en salĂ© cake salĂ©s, pĂąte Ă  tartes, pains, galettes
 qu’en sucrĂ© pour des gĂąteaux, biscuits
.Elle se marie parfaitement avec les saveurs dĂ©licates du miel et du chocolat, ainsi qu’avec les fruits secs et les fruits d’automne pomme, poire, orange.Recette pour des galettes rĂ©ussies 100 % au blĂ© noir »Pour commencer, mĂ©langez dans un saladier 200 g de farine de sarrasin blĂ© noir et 5 g de sel. Ajoutez progressivement 40 cl d’eau en mĂ©langeant Ă  l’aide d’un fouet. Filmez et laissez reposer 1 h minimum. Enfin, ajoutez 30 g de beurre fondu, avant de faire cuire la pĂąte dans une poĂȘle beurrĂ©e. Pour les garnitures, vous avez du choix saumon, lĂ©gumes cuits, jambon
Bonne crĂȘpe party !!7. La farine de sarrasin utilisĂ©e dans les mĂ©langesLa farine de sarrasin peut prĂ©senter un goĂ»t nettement plus amer que celle de la farine de blĂ©, c’est pourquoi elle est rarement utilisĂ©e seule. Sa texture est trĂšs dense et son goĂ»t trĂšs est particuliĂšrement intĂ©ressant de l’associer le plus souvent Ă  d’autres farines neutres maĂŻs ou riz, ou les fĂ©cules ou amidons, qui permettent d’aĂ©rer et d’allĂ©ger les cela, il est aussi possible de rajouter un liant naturel comme de la gomme de xanthane et ou de la gomme de guar pour combiner toutes leurs propriĂ©tĂ©s. En plus d’apporter de l’élasticitĂ© et faciliter la levĂ©e de vos pĂątisseries Gomme de xanthane œ Ă  1 cuillĂšre Ă  cafĂ© pour 200 g de farineGomme de guar 1 cuillĂšre Ă  cafĂ© pour 200 g de farineDans les mĂ©langes de farines, la farine de sarrasin ne reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement pas plus de 30 % de la quantitĂ© totale de de mĂ©langes avec la farine de sarrasinPour des biscuits 70 % farine de riz + 30 % farine de sarrasinPour des cakes et gĂąteaux 40 % farine de riz + 30 % fĂ©cule ou amidon + 30 % farine de sarrasinPour une pĂąte Ă  tarte 35 % farine de sarrasin + 35 % farine de millet + 30 % fĂ©cule ou amidonDIY votre mix maison » sans glutenAu fond, le plus simple est de prĂ©parer votre propre mĂ©lange de farines sans gluten en prenant comme produit principal la farine de vous pouvez tester le mĂ©lange suivant pour rĂ©aliser un kilo de farine sans gluten 450 g de farine de riz,300 g de fĂ©cule de maĂŻs,150 g de farine de sarrasin,100 g de farine de est recommandĂ© de la conserver dans un bocal remplacer 100 g de farine de blĂ© 30 % de farine de riz + 40 % de farine de sarrasin + 30 % de fĂ©cule de maĂŻs = saveur apportĂ©e par la farine de sarrasin 8. Farine de sarrasin label IGPPour ĂȘtre sĂ»r d’acheter une farine vraiment originaire de Bretagne, prĂ©fĂ©rez les paquets de farine vendue sous l’appellation Farine de blĂ© noir de Bretagne IGP ». Finalement, c’est ce qui vous garantit un suivi qualitatif du produit tout au long de la filiĂšre,dans une zone de production et de transformation situĂ©e en Bretagne,avec une culture propre sans utilisation de produits Farine de sarrasin et ses valeurs nutritionnellesComme je l’ai mentionnĂ© ci-dessus, privilĂ©giez la farine de sarrasin de qualitĂ© car c’est une farine dĂ©pourvue de gluten Ă  100 %.Nous ne sommes jamais assez prudents face Ă  l’industrie effet, de nombreuses farines de sarrasin du commerce contiennent du gluten sous forme de traces. Allergiques au gluten, ouvrez bien l’Ɠil !!Bibi l’experte c’est moi est devenue une inconditionnelle descripteuse » de liste d’ingrĂ©dients. C’est la dĂ©marche pour gĂ©rer le bon carburant introduit dans son organisme. Mais Ă  bien considĂ©rer les choses, Bibi l’experte Ă©vite certaines marques par manque de sĂ©rieux et dĂ©pourvues de de sarrasin une source de nutrimentsDonc pour profiter au max du gage qualitĂ© », les effets bĂ©nĂ©fiques de la farine de sarrasin sont dus en partie Ă  sa haute teneur en flavonoĂŻdes, particuliĂšrement en rutine. La rutine est un phytonutriment qui accroĂźt l’action des antioxydants comme la vitamine C. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle le sarrasin protĂšge des maladies ce fait, la farine de sarrasin est une trĂšs bonne source de est Ă©galement une bonne source de magnĂ©sium, de protĂ©ines et de fibres alimentaires et solubles non elle favorise la satiĂ©tĂ© et diminue le cholestĂ©rol sans oublier le sucre sanguin. Toutefois, Ă  noter que la farine de blĂ© noir contient environ 340 kcal pour 100 g, ce qui est sensiblement la mĂȘme chose que la farine de Farine de sarrasin son indice glycĂ©miqueSon indice glycĂ©mique est moyen IG index glycĂ©mique varie toutefois en fonction du mode de broyage, meule de pierre ou cylindre, mais aussi de la cuisson et des autres aliments consommĂ©s. Autrement dit, des galettes accompagnĂ©es de confiture auront un IG relativement Ă©levĂ©, tandis que celui des galettes jambon-fromage sera plutĂŽt ce fait, Ă  vous de jouer les Ă©quilibristes tout en gardant la notion se faire plaisir ».GĂąteau au chocolat sans gluten et veganCe gĂąteau au chocolat moelleux sans gluten et vegan cuit Ă  la vapeur douce offre une texture bluffante. La ganache apportera de la douceur sucrĂ©e. Alors ça vous dit de dĂ©couvrir une recette facile Ă  rĂ©aliser avec une seule farine ?DĂ©couvrez la recette ici11. La farine de sarrasin conservationComme toutes les farines, la farine de sarrasin ou de blĂ© noir se conserve dans une boĂźte hermĂ©tique, Ă  l’abri des insectes et dans un endroit sec et si possible plutĂŽt elle contient un peu de lipides, qui s’oxydent vite. C’est pourquoi il est vivement recommandĂ© de la garder au frais dans un paquet bien refermĂ© oĂč elle gardera sa fraĂźcheur plus longtemps et de la consommer dans les deux mois au maximum. 12. En fin de compte
De toute Ă©vidence, la farine de sarrasin est riche en nutriments et dĂ©pourvue de gluten. Elle convient parfaitement pour un rĂ©gime sans farine de caractĂšre, au goĂ»t prononcĂ© de noisette, nous Ă©voque la Bretagne, et plus prĂ©cisĂ©ment, les galettes salĂ©es qu’on dĂ©guste Ă  la crĂȘperie avec une bolĂ©e de cidre. D’ailleurs, lors de vos excursions sur les marchĂ©s bretons, qui a dĂ©jĂ  goĂ»tĂ© Ă  la fameuse galette / saucisse servie bien chaude ? MĂȘme Ă  10h du matin, ça passe. En plus d’ĂȘtre un aliment minceur et antioxydant, anticholestĂ©rol, antidiabĂšte, dĂ©tox, c’est aussi l’ alicament » par excellence et favorise Ă©galement le il est recommandĂ© de privilĂ©gier la farine sous l’appellation farine de blĂ© noir de Bretagne IGP », sans trace de pour confectionner des gĂąteaux, elle sera mĂ©langĂ©e Ă  une autre farine sans gluten, fĂ©cule ou amidon et si besoin de la gomme de guar ou xanthane pour obtenir moelleux et le sarrasin est aussi bon pour la planĂšte car il ne supporte pas les herbicides et les produits somme, par les temps qui courent, c’est un aliment bon et sain, Ă  consommer sans grand merci d’avoir lu l’article jusqu’au bout sans vous lasser, piquer du nez sur votre android ou le clavier de votre ordi.🙏Ainsi, je vous dis, Ă  bientĂŽt, pour la suite du Festival des farines » pour dĂ©couvrir de nouvelles farines sans oublier conseils et astuces pour rĂ©ussir simplement et facilement vos gĂąteaux SANS GLO gluten, lactose et oeufs AVEC goĂ»t. Ensemble, pas Ă  pas 😁✅Laissez-moi votre commentaire ci-dessous. J’adore les mots doux. J’ai hĂąte de savoir si cet article vous a Ă©clairĂ© sur le fameux blĂ© noir » et comment le cuisinez-vous ? Prenezune coque du Levant avec du cumin, du fromage vieux, de la farine de froment et de la bonne lie de vin, broyez tout cela ensemble, formez-en de petites pilules de la grosseur d'un pois et jetez-les dans la riviĂšre oĂč il y a abondance de poissons et oĂč l'eau est tranquille ; tous les poissons qui tĂąteront de cette composition s'enivreront et viendront se rendre au bord, en sorte
Du gluten dans le blĂ© noir ? Avec un nom pareil, on pourrait croire que oui
 Et pourtant non ! On a posĂ© toutes nos questions Ă  l’Organisme de DĂ©fense et de Gestion BlĂ© Noir Tradition Bretagne, qui nous prĂ©sente cette alternative gluten free !Qu’est-ce que le blĂ© noir ? Graines de sarrasin ©ChristaLe blĂ© noir n’est pas une cĂ©rĂ©ale contrairement Ă  ce que l’on pense une plante de la famille des polygonacĂ©es comme l’oseille ou la rhubarbe. Il est originaire d’Asie et se cultive principalement en qu’il y a du gluten dans le blĂ© noir ?!La fleur de sarrasin ©ConiferConiferLe fait de parler de blĂ© induit en erreur mais il n’y a pas de gluten dans le blĂ© noir. Cependant, les meuniers qui le produisent en Bretagne ne peuvent pas mettre le logo sans gluten parce qu’ils font Ă©galement d’autres farines et qu’il peut y avoir des traces de ces farines dans celle de blĂ© un maximum de sĂ©curitĂ©, le mieux est de se diriger vers un produit pleinement certifiĂ©. NDLR comme par exemple les produits de l’Atelier Sarrasin qui le sont !On parle de blĂ© noir et de sarrasin, est-ce la mĂȘme chose ?Un granola de blĂ© noir ?! ©JacquelineC’est vrai qu’on a tendance Ă  utiliser l’un Ă  la place de l’autre, et on a bien raison ! Le blĂ© noir et le sarrasin sont bien une seule et mĂȘme plante. Et il n’y a pas de gluten dans le blĂ© noir ou dans le sarrasin !Aujourd’hui, on utilise plus facilement le terme de sarrasin de façon gĂ©nĂ©rale et de blĂ© noir lorsque celui-ci est produit en Bretagne et car il bĂ©nĂ©ficie de l’IGP Indication GĂ©ographique ProtĂ©gĂ©ePuisqu’il ne fait pas partie de la famille du blĂ©, pourquoi l’appelle-t-on ainsi ? Une galette ?! ©Breizh CafĂ©En rĂ©alitĂ©, on l’a nommĂ© comme ça pour des raisons d’ de certaines crises, la Bretagne a eu des difficultĂ©s Ă  s’approvisionner en blĂ©. Elle a donc utilisĂ© le blĂ© noir en a accolĂ© “noir” au terme “blĂ©â€ pour distinguer cette plante du blĂ©, qui lui est blond, que l’on utilisait aussi quelle forme vaut-il mieux consommer le blĂ© noir ?CƓurs citron by © L’Atelier SarrasinEn farine, c’est le plus simple. Elle est utilisĂ©e dans les galettes, les chips, les biscuits. Par contre, elle ne se travaille pas du tout de la mĂȘme façon que la farine de a Ă©galement un goĂ»t diffĂ©rent, assez prononcĂ© qui tend vers la farine de blĂ© noir ne lĂšve pas puisqu’elle est dĂ©pourvue de gluten, il ne faut donc pas l’utiliser comme substitut Ă  la farine de blĂ© et prĂ©fĂ©rer rĂ©aliser des recettes adaptĂ©es Ă  ses une recette simple et sans gluten Ă  base de blĂ© noir Ă  partager ? Le crumble de ©SarraVoici la recette du crumble d’automne au blĂ© noir200 g de farine de blĂ© noir75 g d’amandes hachĂ©es90 g de beurre mou demi-sel120 g de cassonade2 poires2 pommes2 c Ă  s de miel au blĂ© noirPrĂ©chauffer votre four Ă  180°C. Éplucher et couper vos fruits en morceaux d’environ crĂ©as de ©SarraPrĂ©parer votre pĂąte Ă  crumble en mĂ©langeant farine, amandes, beurre et cassonade du bout des doigts jusqu’à l’obtention d’une pĂąte vos fruits au fond d’un plat, ajouter le miel en filet, recouvrir de crumble et placer aufour pour 30-40 recette inspirĂ©e de l’une de celles d’Hubert Niveleau, chef du restaurant Sarra. Une nouvelle adresse parisienne, entiĂšrement dĂ©diĂ© au ici pour l’adresse de Sarra !Quelques adresses oĂč manger du blĂ© noirLes galettes de ©BlĂŒnPuisqu’il n’y a pas de gluten dans le blĂ© noir, on peut se faire plaisir avec une galette ! Une quoi ? Mais si vous savez, ces crĂȘpes salĂ©es que les bretons font tous ! Elles sont plus foncĂ©es que leurs cousines au blĂ© mais au moins les gluten free peuvent les d’adresses en proposent. Souvent ce sont des Ă©tablissement mixtes, qui proposent aussi des galettes ou crĂȘpes avec gluten. Il peut donc y avoir des dĂ©couvrir ces fameuses galettes, on vous recommande bien sĂ»r le Breizh CafĂ© de Cancale ou de St Malo. A Paris, vous pouvez faire un tour Ă  La CrĂšme de Paris ou chez BlĂŒn. Et enfin Ă  la CrĂȘperie du Théùtre Ă  Perpignan !!Et bien sĂ»r on vous recommande d’aller chercher vos soba ainsi que votre farine de sarrasin chez L’Atelier Soba, dans le 11Ăšme Ă  Paris. Tout est fait sur place et est 100% sans article a Ă©tĂ© publiĂ© le 16 novembre 2017 et a depuis Ă©tĂ© mis Ă  jour par l’ photo de couverture est signĂ©e ©Sarra Paris Atelier Sarrasin blĂ© Cancale cĂ©rĂ©ales crĂȘpes dessert farine paris Perpignan recette restaurant Saint Malo sarrasin
Lesgalettes sont fabriquĂ©es Ă  partir de la farine de sarrasin (blĂ© noir). Elles sont salĂ©es, et les recettes varient d’une rĂ©gion Ă  l’autre, et mĂȘme d’une famille Ă  l’autre. Elles peuvent associer plusieurs types de farines, des liquides et des parfums diffĂ©rents. Les proportions diffĂšrent, mais elles ont toutes la particularitĂ© de se dĂ©guster salĂ©es, nature avec un peu On trouve de la farine raffinĂ©e dans de nombreux plats industriels mais aussi dans ceux que nous prĂ©parons nous-mĂȘme. Le processus de raffinage fait perdre des vitamines, des minĂ©raux et d'autres nutriments. MĂȘme si beaucoup de gens savent bien que la farine de blĂ© raffinĂ©e n'est pas un aliment trĂšs sain, on en consomme beaucoup. Aujourd'hui encore, trĂšs peu de personnes sont conscientes des vĂ©ritables effets de ce produit sur notre corps. sfs Voici 7 effets sur la santĂ© que vous pourrez rencontrer si vous consommez trop de farine 1. Surpoids La farine contient des fibres qui retardent la satiĂ©tĂ©. ParallĂšlement, le taux de glycĂ©mie augmente Ă©normĂ©ment pour redescendre trĂšs vite peu de temps aprĂšs. Cela peut crĂ©er des fringales et mener Ă  des apports alimentaires trop consĂ©quents. Mieux vaut privilĂ©gier les aliments complets, qui nourrissent plus et mieux ! 2. DiabĂšte de type 2 Une Ă©tude finlandaise a dĂ©montrĂ© que le risque d'avoir un diabĂšte de type 2 dĂ©croit lorsque l'on consomme moins de farine de blĂ© raffinĂ© et que l'on privilĂ©gie la farine de seigle. Le taux de glycĂ©mie augmente rapidement avec la farine raffinĂ©e, ce qui crĂ©e beaucoup d'insuline et donc de sucre. Consommer beaucoup de farine crĂ©e une rĂ©sistance Ă  l'insuline et donc un risque de souffrir de diabĂšte de type 2. 3. Perturbation du mĂ©tabolisme acido-basique Le pH idĂ©al du corps est 7,4 lĂ©gĂšrement basique. Il est important de surveillez son pH car de nombreuses personnes ont un pH trop acide. Un pH acide peut favoriser des soucis de santĂ© et des maladies. Cela affaiblit le systĂšme immunitaire et empĂȘche le calcium de se fixer sur les os. Les personnes touchĂ©es ont des risques de souffrir de migraines, de rhumatismes et d'ostĂ©oporose. 4. Allergies et intolĂ©rances alimentaire ada La farine de blĂ© contient du gluten. Le gluten est une protĂ©ine qui peut endommager la muqueuse intestinale. Un intestin endommagĂ© peut crĂ©er une rĂ©action du systĂšme immunitaire et mener Ă  une allergie ou intolĂ©rance alimentaire. De plus, cela augmente le risque d'infections en tous genres. 5. DĂ©pression Une Ă©tude Ă©tasunienne a montrĂ© que la consommation de glucides est Ă©troitement liĂ©e aux dĂ©pressions. Cela est dĂ» aux fortes fluctuations de l'indice glycĂ©mique qui font rĂ©agir les hormones. Cela peut mener Ă  des troubles de l'humeur et de fortes fatigues. 6. Inflammations La trop forte consommation de farine peut aussi ĂȘtre la cause d'une inflammation appelĂ©e la glycation. Elle est souvent liĂ©e Ă  des maladies chroniques comme l'arthrite. À cause des fortes fluctuations de l'indice glycĂ©mique, les protĂ©ines sont plus difficilement transformĂ©es en Ă©nergie, ce qui peut mener Ă  des inflammations diverses. 7. ProblĂšmes de digestion sef Si vous souffrez souvent de constipation, vous devriez rĂ©duire votre consommation de farine raffinĂ©e. Le produit perd 80% de ces nutriments pendant le raffinage, nutriments essentiels pour une bonne digestion. Et oui, maintenant vous savez que manger de la farine, ce n'est pas si anodin que ça ! Le but n'est pas de la supprimer de votre alimentation, mais de la rĂ©guler. Si vous souffrez de l'un de ces maux, n'hĂ©sitez pas Ă  aller consulter un mĂ©decin qui pourra dĂ©terminer si cela est bien dĂ» Ă  votre alimentation ou bien Ă  un autre problĂšme. En attendant, n'oubliez pas de prendre soin de vous !
Egalementdes chansons un peu rigolote telle que "Farine de Froment; farine de blé noir" de Guillou-Delahaye. Merci d'avance Ally. A voir également. Votre navigateur ne peut pas afficher ce tag vidéo. 19/06/2006 à 16h34 . Bonjour, comme deja dit, l'autre finistere. Sinon de miossec , la chanson Brest En chanson populaire, bien sur, Vive la Bretagne, vive les
VEILLÉESDE L’UKRAINE CHAPITRE PREMIER Quel dĂ©lire ! quelle splendeur qu’un jour d’étĂ© dans la Petite-Russie ! De quelle chaleur languissante sont chargĂ©es les heures quand midi Ă©clate silencieux et brĂ»lant, et que l’OcĂ©an bleu, infini, Ă©tendu en voĂ»te ardente sur la terre, semble dormir tout noyĂ© de voluptĂ© en enlaçant et en Ă©treignant la bien-aimĂ©e dans ses bras Ă©thĂ©rĂ©s. Pas un nuage au ciel ; dans les champs, pas une parole. Tout semble mort. En haut, seulement, dans la profondeur du ciel, frĂ©mit l’alouette ; et sa chanson d’argent roule sur les marches aĂ©riennes jusqu’à la terre amoureuse. Par instant, le cri de la mouette ou la voix sonore de la caille, rĂ©sonne dans la steppe. Paresseux et sans pensĂ©e, comme vaguant sans but, s’élĂšvent les chĂȘnes ombrageux. Et le jet aveuglant des rayons solaires embrase pittoresquement des masses entiĂšres de feuillages en enveloppant les autres d’une ombre noire comme la nuit, sur laquelle un vent violent fait çà et lĂ  scintiller de l’or. L’émeraude, la topaze, le saphir des insectes aĂ©riens, ruissellent sur les jardins bigarrĂ©s ombragĂ©s de tournesols Ă©lancĂ©s. Les meules grises du foin et les gerbes dorĂ©es du blĂ©, s’étagent en camps dans la plaine et se dĂ©roulent Ă  l’infini. Les larges branches des cerisiers, des pruniers, des pommiers et des poiriers, plient sous le poids des fruits. Le ciel se reflĂšte dans la riviĂšre comme dans un miroir au cadre vert et Ă©levé  De quelle voluptĂ© et de quelle langueur dĂ©borde l’étĂ© de la Petite-Russie ! C’est de cette splendeur que brillait une des chaudes journĂ©es du mois d’aoĂ»t dix-huit cent
 dix-huit cent
 oui, il y a une trentaine d’annĂ©es, lorsque, sur une longueur de plus de dix verstes, la route conduisant au village de Sorotchinetz grouillait de la foule accourue Ă  la foire de tous les environs et des hameaux les plus lointains. DĂšs le matin, s’allongeait la foule ininterrompue de Tchoumaks[1], avec leurs voitures de sel et de poisson. Des montagnes de poteries enterrĂ©es sous le foin se mouvaient lentement, comme ennuyĂ©es de leur obscure prison. Çà et lĂ , seulement quelques terrines ou soupiĂšres aux couleurs Ă©clatantes se montraient vaniteusement au sommet de la charrette surchargĂ©e et provoquaient les regards attendris des adorateurs du confort. De nombreux passants contemplaient d’un Ɠil d’envie le potier de haute taille, propriĂ©taire de ces richesses, lequel, d’un pas lent, marchait derriĂšre ses marchandises, enveloppant soigneusement le dandysme et la coquetterie de ses vases dans l’humble foin. Loin des autres, se traĂźnait une charrette tirĂ©e par des bƓufs fatiguĂ©s, et remplie de sacs de chanvre, de toile et de divers objets de mĂ©nage. DerriĂšre venait le propriĂ©taire vĂȘtu d’une chemise de toile bien blanche et d’une culotte de toile sale. D’une main paresseuse, il essuyait la sueur qui coulait en pluie de son visage basanĂ© et dĂ©gouttait de ses longues moustaches poudrĂ©es par ce perruquier impitoyable qui vient sans qu’on l’appelle, s’emparant Ă©galement des plus belles et des plus laides, et poudrant par force, depuis des milliers d’annĂ©es, toute l’espĂšce humaine. À ses cĂŽtĂ©s, marchait attachĂ©e Ă  la charrette une jument dont l’aspect timide trahissait un Ăąge plus qu’avancĂ©. Beaucoup et surtout les jeunes gens portaient la main Ă  leur bonnet en croisant le moujik. Ce n’étaient cependant ni sa moustache grise ni sa dĂ©marche imposante qui lui valaient ces saluts. Il suffisait de lever la tĂȘte pour en dĂ©couvrir la cause. Sur la charrette, Ă©tait assise son enfant, une jolie fille au visage arrondi, aux sourcils noirs et bien arquĂ©s surmontant des yeux brun-clair, aux lĂšvres roses et souriantes, la tĂȘte ornĂ©e de rubans rouges et bleus qui, avec ses longues nattes, un bouquet de fleurs des champs et une riche couronne, formaient le plus ravissant tableau. Tout semblait l’intĂ©resser ; tout lui Ă©tait Ă©trange et neuf
 et ses beaux yeux allaient sans cesse d’un objet Ă  l’autre. Comment ne pas se distraire ! À la foire pour la premiĂšre fois ! Une jeune fille de dix-huit ans et Ă  la foire pour la premiĂšre fois ! Mais aucun des passants ne pouvait se douter du mal qu’elle avait eu Ă  persuader son pĂšre de la prendre avec lui, non pas que, personnellement, il ne l’eĂ»t fait volontiers, mais il avait Ă  compter avec la mĂ©chante marĂątre qui avait su le brider et le conduisait aussi facilement qu’il conduisait lui-mĂȘme la vieille jument qu’on allait vendre aujourd’hui pour prix de ses longs services. La criarde Ă©pouse
 mais nous avons oubliĂ© qu’elle est assise, elle aussi, au haut de la charrette, dans une superbe camisole de laine verte, piquĂ©e, comme la fourrure de la martre, de petites queues, mais rouges ; avec une riche jupe bigarrĂ©e comme un Ă©chiquier et un bonnet d’indienne de couleur, qui donnait un certain air d’importance Ă  son visage rouge et plein d’aspect si rĂ©barbatif que chacun se hĂątait de reporter son regard inquiet sur le gai visage de la jeune fille. Aux yeux de nos voyageurs, Psiol[2] commençait Ă  poindre. De loin venait une fraĂźcheur d’autant plus sensible que la chaleur avait Ă©tĂ© plus lourde et plus accablante. À travers le feuillage vert-clair des peupliers et des bouleaux, nĂ©gligemment semĂ©s dans la prairie, apparaissaient des plaques de lumiĂšre froide ; et la belle riviĂšre dĂ©couvrit la splendeur de sa poitrine d’argent sur laquelle se rĂ©pandait richement la verte chevelure des arbres. Fantasque comme une jolie femme, Ă  l’heure enivrante oĂč, devant le miroir jaloux de son front altier, de ses Ă©paules rosĂ©es et de sa gorge de marbre, ombragĂ©e par une boucle sombre tombĂ©e de sa tĂȘte blonde, elle jette avec mĂ©pris ses parures pour les remplacer par d’autres et ne connaĂźt pas de fin Ă  ses caprices, ses eaux presque chaque annĂ©e changent leurs cours, choisissent une nouvelle voie et s’entourent de paysages nouveaux et divers. Les rangĂ©es de moulins soulevaient sur leurs lourdes roues de larges nappes qu’elles rejetaient avec force en les brisant en pluie et en emplissant les environs de poussiĂšre humide et de bruit. La charrette, avec les voyageurs que nous connaissons, roulait en ce moment vers le pont, et, la riviĂšre, dans toute sa majestueuse beautĂ©, s’étendait devant eux comme une seule glace. Le ciel, les forĂȘts vertes et bleues, les hommes, les voitures chargĂ©es de poteries, les moulins, tout se renverse, surgit et marche les pieds en l’air sans tomber dans la splendide profondeur bleue. Notre belle devint songeuse Ă  ce magnifique spectacle et oublia mĂȘme de faire craquer sous sa dent les graines de tournesol qu’elle Ă©tait occupĂ©e Ă  grignoter depuis le dĂ©part, lorsque tout Ă  coup, les mots Ah ! la jolie fille ! » frappĂšrent ses oreilles. Elle tourna la tĂȘte et aperçut sur le pont une foule de jeunes gens dont l’un, mieux vĂȘtu que les autres, en svitka[3] blanche et en bonnet gris d’Astrakan, les mains sur les hanches, regardait hardiment les passants. La belle ne put faire autrement que de remarquer son visage basanĂ© mais respirant la sympathie et ses regards brĂ»lants qui semblaient vouloir la transpercer. Elle baissa les yeux Ă  la pensĂ©e que, peut-ĂȘtre, l’exclamation entondue lui appartenait. — Une riche fille ! continua le jeune homme Ă  la svitka blanche, sans la quitter de l’Ɠil. Je donnerais bien tout ce que je possĂšde pour l’embrasser, mais c’est le diable qui est aussi derriĂšre elle. Des rires Ă©clatĂšrent de tous cĂŽtĂ©s. Mais la compagne chamarrĂ©e de l’époux qui s’avançait Ă  pas lents, ne goĂ»ta pas le compliment. Ses joues rouges s’empourprĂšrent et un crĂ©pitement d’épithĂštes choisies roula en averse sur la tĂȘte des joyeux gars. — Puisses-tu Ă©touffer, propre Ă  rien ! Puisse un vase tomber sur la tĂȘte de ton pĂšre ! Qu’il se rompe le cou sur la glace, l’antichrist maudit ! Et que, dans l’autre monde, le diable lui roussisse la barbe ! — Voyez-vous l’insulteuse ! fit le jeune homme en Ă©carquillant les yeux, comme stupĂ©fait d’une pareille explosion de compliments inattendus. Comment la langue de cette sorciĂšre hors d’ñge ne se blesse-t-elle pas Ă  articuler de semblables mots ! — Hors d’ñge[4] ! saisit au vol la mĂ»re personne. L’impudent ! Va donc d’abord te dĂ©barbouiller, moricaud. Je n’ai pas connu ta mĂšre, mais je suis certaine que c’est une pas grand’chose ; ton pĂšre aussi est un pas grand’chose. Hors d’ñge ! parce qu’il a encore du lait au bec ! La charrette, en ce moment, sortait du pont, et les derniĂšres paroles se perdirent dans l’air. Mais le jeune homme ne voulut pas en rester lĂ . Sans plus rĂ©flĂ©chir, il saisit une motte de boue et la lança
 Le coup Ă©tait mieux dirigĂ© qu’on ne pouvait le supposer tout le bonnet neuf d’indienne se trouva couvert de boue ; et les rires des joyeux compagnons de reprendre avec une force nouvelle. L’obĂšse coquette frĂ©mit de colĂšre ; mais la charrette Ă©tait alors assez loin et elle tourna sa vengeance contre sa belle-fille innocente et son lent Ă©poux, lequel, habituĂ© de longue date Ă  des incidents de ce genre, gardait un silence obstinĂ© et Ă©coutait avec le plus grand sang-froid la sortie emportĂ©e de son Ă©pouse en fureur. MalgrĂ© cela, la langue infatigable crĂ©pitait et ne s’arrĂȘta qu’à leur entrĂ©e dans le faubourg, lorsqu’ils arrivĂšrent chez leur vieil ami et compĂšre le cosaque Tsyboulia. Cette entrevue entre compĂšres qui ne s’étaient pas rencontrĂ©s depuis longtemps, fit oublier momentanĂ©ment le fĂącheux Ă©vĂ©nement en forçant nos voyageurs Ă  s’entretenir de la foire et Ă  reposer quelque peu aprĂšs une longue route. CHAPITRE II Peut-ĂȘtre vous est-il arrivĂ© d’entendre une cataracte lointaine quand les environs troublĂ©s sont pleins de fracas et qu’un chaos de rumeurs Ă©tranges et indistinctes passe devant vous comme un tourbillon. N’est-ce pas une sensation analogue que l’on Ă©prouve, lorsque l’on est pris dans le tourbillon d’une foire au village et que les rangs serrĂ©s de la foule ne forment plus qu’un monstre sinueux qui se meut de tout son corps sur la place et dans les rues Ă©troites, criant, s’interpellant et grondant. Vacarme, jurons, mugissements, bĂȘlements, rugissements, tout se fond en un brouhaha discordant. Les bƓufs, le son, le foin, les tziganes, les poteries, les babas[5], les pains d’épices, les bonnets, tout flamboie bigarrĂ© et criard, s’agite en groupe et dĂ©file devant vos yeux. Des voix de diffĂ©rents timbres se couvrent l’une l’autre, et pas une parole ne peut ĂȘtre saisie, sauvĂ©e de ce dĂ©luge. Pas un cri ne s’articule distinctement ; on n’entend dans toute la foire que des mains de marchands frappant l’une dans l’autre, Ă  l’appui du marchĂ© conclu. Une charrette se brise, le fer rĂ©sonne ; des planches jetĂ©es Ă  terre retentissent et la tĂȘte qui nous tourne ne sait oĂč s’arrĂȘter. Notre moujik avec sa fille aux noirs sourcils s’était depuis longtemps mĂȘlĂ© Ă  la foule. Il s’approchait d’une charrette, hĂ©lait l’autre, comparait les prix, et cependant, sa pensĂ©e tournait toujours autour des dix sacs de blĂ© et de la vieille jument qu’il avait amenĂ©s pour la vente. On pouvait voir Ă  l’expression du visage de sa fille qu’il n’était rien moins qu’agrĂ©able Ă  celle-ci de se frotter aux charrettes de foin ou de blĂ©. Elle aurait voulu aller lĂ  oĂč, sous la toile des tentes, sont coquettement appendus des rubans rouges, des boucles d’oreilles, des croix d’étain et de cuivre et des piĂšces d’or pour colliers. Cependant le spectacle qu’elle avait devant les yeux ne manquait pas d’intĂ©rĂȘt. Elle prenait un intime plaisir Ă  regarder ici un tzigane bigarrĂ© et un moujik se frapper dans la main jusqu’à crier de douleur ; lĂ  un juif ivre offrir du kissel[6] Ă  une baba ; plus loin, des poissardes s’injurier et se jeter des Ă©crevisses Ă  la tĂȘte ; ailleurs encore, un Moscovite caresser d’une main sa barbe de bouc et de l’autre
 mais voilĂ  qu’elle se sent tirer par la manche brodĂ©e de sa chemise. Elle se retourne et se trouve en face du parobok Ă  la svitka blanche et aux yeux ardents. Tout son corps tressaillit, son cƓur se mit Ă  battre comme jamais il n’avait encore battu, ni sous la joie, ni sous la douleur, sensation Ă©trange et dĂ©licieuse en mĂȘme temps ; elle ne pouvait se rendre compte de ce qu’elle prouvait. — N’aie pas peur, mon petit cƓur ! n’aie pas peur, fit-il Ă  demi-voix en lui prenant la main. Je ne te dirai rien de mal ! Il se peut que tu ne me dises rien de mal, pensa la jeune fille, seulement, c’est Ă©trange. Ce doit ĂȘtre le diable. Je sais que sĂ»rement ce n’est pas bien
 et cependant je n’ai pas la force de lui reprendre ma main. » Le moujik se retourna, voulant dire quelque chose Ă  sa fille, mais le mot blĂ© » retentit alors Ă  ses cĂŽtĂ©s. Ce mot magique le fit immĂ©diatement s’approcher de deux nĂ©gociants qui parlaient haut, et, son attention fixĂ©e sur eux, rien n’était capable de la distraire. Or, voici la conversation qui s’était engagĂ©e sur le blĂ©. CHAPITRE III — Tu penses donc, pays, que notre blĂ© se vendra mal ? disait l’un dont l’extĂ©rieur dĂ©notait un petit bourgeois Ă©tranger, habitant quelque bourgade, en pantalon de coutil tachĂ© de goudron et de graisse. Le personnage auquel il s’adressait Ă©tait vĂȘtu d’une svitka bleue rapiĂ©cĂ©e en diffĂ©rents endroits, et il avait une bosse au front. — Il ne s’agit pas de penser ! je suis prĂȘt Ă  me laisser passer une corde autour du cou et Ă  me balancer Ă  cet arbre comme une saucisse de NoĂ«l au plafond de la chambre, si nous vendons une seule mesure de blĂ©. — Qu’est-ce que tu me contes, pays ? Il n’y a pas sur le marchĂ© un grain de blĂ© en dehors de celui que nous avons apportĂ©. Dites tout ce que vous voudrez, pensait le pĂšre de notre belle, qui ne perdait pas une parole de la conversation des deux marchands ; cela ne m’empĂȘchera pas d’avoir dix sacs en rĂ©serve. » — Mais c’est prĂ©cisĂ©ment oĂč le diable s’en mĂȘle, qu’il n’y a pas plus Ă  tabler lĂ -dessus que sur un Moscovite affamĂ©, reprenait d’un air significatif l’homme Ă  la bosse au front. — Quel diable ? demanda l’homme au pantalon de coutil. — As-tu entendu ce que l’on dit dans la foule ? continua le front bombĂ© en regardant de cĂŽtĂ© son interlocuteur de ses yeux mornes. — Eh bien ? — Eh bien ! Le commissaire, — puisse-t-il ne jamais tremper sa moustache dans l’eau-de-vie de prunes — le commissaire nous a assignĂ© pour la foire une place si maudite que nous pouvons crever, nous ne vendrons pas un seul grain. Vois-tu ce vieux hangar en ruine lĂ -bas, lĂ -bas, prĂšs de la montagne ici, la curiositĂ© du pĂšre de notre belle le fit se rapprocher encore, et il devint tout oreilles, c’est dans ce hangar que les diables prennent leurs Ă©bats, et pas une seule foire ne s’est terminĂ©e sans malheur. Hier encore, le scribe passait par lĂ , et, Ă  la lucarne, se montra un groin de porc, grognant si terriblement qu’un frisson lui passa dans tout le corps. On s’attend d’un instant Ă  l’autre Ă  voir apparaĂźtre de nouveau la svitka rouge. — Qu’est-ce que cette svitka rouge ? À ce moment les cheveux de notre auditeur attentif se dressĂšrent sur sa tĂȘte. Il regarda avec terreur derriĂšre lui et aperçut
 sa fille et le parobok tranquillement enlacĂ©s, devisant d’amour dans l’oubli le plus complet de toutes les svitkas du monde. Ce spectacle dissipa sa terreur et le ramena Ă  son insouciance habituelle. — Eh ! eh ! pays, tu me parais aller bien vite en embrassades. Moi, ce n’est que le quatriĂšme jour aprĂšs la noce que j’ai appris Ă  embrasser ma Khveska et encore, grĂące Ă  mon compĂšre, qui, en sa qualitĂ© de garçon d’honneur, me mit sur la voie. Le jeune homme comprit immĂ©diatement que le pĂšre de sa bien-aimĂ©e n’était pas trĂšs dĂ©sagrĂ©able ; et il se prit Ă  combiner un plan pour le mettre dans son jeu. — Toi, mon bon, tu ne me connais probablement pas ; mais moi, je t’ai reconnu tout de suite. — C’est possible que tu m’aies reconnu. — Si tu veux, je te dirai et ton nom et ton prĂ©nom et tout ce qui te concerne. Tu t’appelles Solopi Tcherevik. — C’est bien cela, Solopi Tcherevik. — Et regarde-moi bien, peut-ĂȘtre me reconnaĂźtras-tu ? — Non, je ne te connais pas ; et cela soit dit sans te fĂącher. Dans ma longue vie, j’ai tant vu de museaux divers, que ce serait le diable de me souvenir de tous
 — C’est dommage que tu ne te rappelles pas du fils de Holopoupenko ? — Tu serais donc le fils d’Okhrimo ? — Et qui le serait ? Ă  moins que ce ne soit le Domovoi[7]. Sur quoi, les deux amis se dĂ©couvrirent et l’embrassade commença. Cependant notre fils Holopoupenko, sans perdre de temps, se hĂąta de couper court Ă  cette dĂ©monstration. — Eh bien ! Solopi, comme tu le vois, moi et ta fille nous nous aimons au point de passer l’éternitĂ© ensemble. — Eh bien ! Paraska, fit Tcherevik en s’adressant avec un sourire Ă  sa fille, — peut-ĂȘtre, en effet
 pour que dĂ©jà
 comme on dit
 ensemble
 afin qu’on paisse la mĂȘme herbe. Eh bien ! tapons lĂ , et allons, beau fils frais Ă©lu, arroser le contrat ! Et tous les trois se trouvĂšrent bientĂŽt rĂ©unis dans une derniĂšre buvette, sous la tente, chez la Juive, au milieu de tout une flotte de bouteilles et de flacons de toutes façons et de toutes tailles. — Eh ! le luron ! Pour cela je t’aime, disait Tcherevik, quelque peu Ă©mĂ©chĂ©, en voyant la façon dont son beau fils frais Ă©lu se versait prĂšs d’un demi-litre d’eau-de-vie, l’avalait d’un trait sans sourciller et brisait sur la table le vase vide. Qu’en dis-tu ? Paraska. Quel fiancĂ© je t’ai choisi ! regarde ! regarde ! Comme il lampe gaillardement. Et, tout gai et en titubant, il s’achemina avec elle vers sa charrette, pendant que notre parobok se rendait aux boutiques occupĂ©es par les marchands de Gadiatch et de Mirgorod, les deux cĂ©lĂšbres villes du gouvernement de Pullava, pour y choisir une des plus belles pipes en bois, richement montĂ©e sur cuivre, ainsi qu’un foulard Ă  fleurs sur fond rouge et un bonnet d’Astrakan, cadeaux de noce au beau-pĂšre et aux autres, ainsi que le voulait la coutume. CHAPITRE IV — Eh bien ! femme ! j’ai trouvĂ© Ă  la fille un fiancĂ©. — C’est ce qui peut s’appeler bien choisir son moment pour chercher des fiancĂ©s ! ImbĂ©cile ! imbĂ©cile ! tu ne changeras donc jamais ? OĂč as-tu vu, oĂč as-tu entendu que des gens sensĂ©s courent Ă  cette heure aprĂšs des fiancĂ©s ? Tu aurais mieux fait de t’occuper de vendre notre blĂ©. Ton fiancĂ©, lui aussi, doit ĂȘtre quelque chose de bien. Le plus gueux, sans doute, de tous les va-nu-pieds. — Quelle erreur ; si tu voyais le jeune homme ! Rien que sa svitka vaut plus que ta camisole verte et que tes bottes rouges ; et comme il siffle bien l’eau-de-vie ! Que le diable m’emporte et toi avec, si de ma vie, j’ai vu un parobok avaler comme lui un demi-litre d’un trait sans sourciller ! — C’est cela, un ivrogne doublĂ© d’un vagabond, voilĂ  ce qu’il lui faut. Je gagerais que c’est le mĂȘme vaurien qui nous a pris Ă  partie sur le pont. Quel dommage qu’il ne me soit pas encore tombĂ© sous la main ! Je vous l’aurais arrangĂ© ! — Et qu’importe ! Khivria, si c’était lui ? Pourquoi serait-ce un vaurien ? — Pourquoi ce serait un vaurien ! oh ! tĂȘte sans cervelle ! Entendez-vous ? Pourquoi ce serait un vaurien ? Oh avais-tu donc tes yeux d’imbĂ©cile lorsque nous passions prĂšs du moulin, lĂ  devant lui, sous son nez sali de tabac ? on dĂ©shonorerait ta femme que cela te laisserait indiffĂ©rent. — Tu auras beau dire, je ne vois pas ce qu’on pourrait lui reprocher. C’est un garçon de valeur ; serait-ce parce qu’il a un moment couvert de fumier ton museau ? — Eh ! eh ! voyez-vous ! Tu ne me laisses pas placer un mot. Qu’est-ce que cela veut dire ? Quand cela t’est-il jamais arrivĂ© ? Tu as dĂ©jĂ , sans doute, pris le temps de licher alors que tu n’as encore rien vendu ? Notre Tcherevik remarqua en effet lui-mĂȘme qu’il avait trop parlĂ©, et il se hĂąta de cacher sa tĂȘte dans ses mains, persuadĂ© que son irascible compagne ne tarderait pas Ă  planter dans ses cheveux ses griffes conjugales. Diable ! le mariage est flambĂ©, pensait-il en esquivant l’épouse qui marchait vers lui ; il faudra refuser un bon garçon et pour rien ! Seigneur Dieu ! Pourquoi une pareille plaie sur nous autres pĂ©cheurs ? Il y avait dĂ©jĂ  assez de vilaines choses dans ce monde ; et tu nous as encore encombrĂ©s de femmes ! » CHAPITRE V Le jeune homme Ă  la svitka blanche, assis prĂšs de sa charrette, regardait distraitement la foule qui bourdonnait sourdemont autour de lui. Le soleil fatiguĂ© quittait l’horizon aprĂšs avoir brĂ»lĂ© son midi et son matin. Le jour s’éteignait dans le charme et dans l’éclat de la pourpre. Le sommet blanc des tentes brillait d’une clartĂ© aveuglante sous les rayons d’un feu rose Ă  peine perceptible. Les vitres des chĂąssis empilĂ©s flambaient sur les tables des cabaretiĂšres ; bouteilles et verres Ă©taient transformĂ©s en autant de flammes. Des montagnes de melons, de pastĂšques et de citrouilles semblaient moulĂ©es en or et en cuivre bruni. Le bruit des conversations devenait sensiblement plus rare et plus sourd. Les langues fatiguĂ©es des marchands, des moujiks et de tziganes se faisaient plus paresseuses et plus lentes. Çà et lĂ , des feux commençaient Ă  s’allumer et le fumet odorant des galouschki[8] se rĂ©pandait dans les rues calmĂ©es. — À quoi songes-tu si tristement Hirtsko[9], s’écria un Tzigane de haute taille et hĂąlĂ© par le soleil, en frappant sur l’épaule de notre jeune homme. Voyons ! me laisses-tu tes bƓufs pour vingt ? — Tu n’as de pensĂ©e que pour les bƓufs ! toujours les bƓufs. Votre race ne vit que pour l’argent monnayer, filouter les honnĂȘtes gens. — Fi ! que Diable ! Te voilĂ  donc pris bien sĂ©rieusement ! serait-ce le dĂ©pit de t’ĂȘtre embarrassĂ©e d’une fiancĂ©e ? — Non, ce n’est pas dans ma nature je tiens ma parole ; quand je fais quelque chose, c’est pour toujours, mais c’est ce vieux brigand de Tcherevik qui n’a pas de conscience pour un demi-kopek ; il a dit Oui », et maintenant il se reprend. On ne peut guĂšre, d’ailleurs, lui en vouloir ; c’est une bĂ»che et rien de plus, ce sont lĂ  les tours de la vieille sorciĂšre que nous avons, avec les amis, si bien arrangĂ©e aujourd’hui sur le pont. Ah ! si j’étais Tzar ou grand seigneur, je commencerais par faire pendre tous ces imbĂ©ciles qui se laissent brider par les femmes
 — Me laisses-tu les bƓufs pour vingt si nous forçons Tcherevik Ă  nous rendre Paraska ? Hirtsko le considĂ©ra avec Ă©tonnement. Les traits basanĂ©s du Tzigane exprimaient quelque chose de mĂ©chant, de rusĂ©, de bas et de hautain en mĂȘme temps ; il suffisait d’un regard pour se convaincre que, dans cette Ăąme Ă©trange, bouillonnaient de grandes qualitĂ©s, mais de celles qui n’ont sur la terre qu’une seule rĂ©compense le gibet. Une bouche disparaissait presque entre le nez et le menton, pointue et toujours animĂ©e d’un mauvais sourire ; des yeux petits mais vifs comme le feu ; un visage sillonnĂ© de l’éclair des projets et des combinaisons sans cesse modifiĂ©s. Tout cela semblait comme exiger un costume aussi particulier et aussi extraordinaire que celui qu’il portait effectivement. Un cafetan brun-noir que le moindre attouchement paraissait devoir faire tomber en poussiĂšre ; de longs cheveux noirs tombant en broussailles sur ses Ă©paules ; des souliers emboĂźtant des pieds nus et brĂ»lĂ©s ; tout cela semblait comme soudĂ© Ă  lui et faire partie de son ĂȘtre. — Ce n’est pas pour vingt, mais pour quinze que tu les auras si tu ne mens pas, rĂ©pondit le jeune homme, sans le quitter de son regard pĂ©nĂ©trant. — Pour quinze, c’est entendu ! mais ne pas oublier, pour quinze. Et voici cinq roubles d’arrhes. — Mais si tu m’as menti ! — Si je mens, Ă  toi les arrhees. — C’est entendu. Allons ! topons. — Allons ! CHAPITRE VI — Par ici, Aphanasi Ivanovitch. Il y a une haie. Levez le jarret, mais ne craignez rien. Mon imbĂ©cile est parti pour toute la nuit avec le compĂšre pour veiller sur les charrettes, de peur que les Moscovites ne chipent quelque chose. C’est ainsi que la terrible compagne de Tcherevik encourageait d’un ton affable le popovitch[10] qui, s’accrochant peureusement Ă  la clĂŽture, grimpa sur la haie et y resta debout, hĂ©sitant comme un long et effrayant fantĂŽme. AprĂšs avoir longtemps cherchĂ© de l’Ɠil la place oĂč sauter le plus facilement, il finit par tomber lourdement dans les hautes herbes. — Malheur ! ne vous ĂȘtes-vous pas fait de mal ? Ne vous ĂȘtes-vous pas — Dieu vous en garde — cassĂ© le cou? murmurait Khivria tout inquiĂšte. — Chut ! rien, rien, ma trĂšs chĂšre Khavronia Nikiforovna, fit le popovitch d’une voix basse et plaintive en se dressant sur ses jambes, rien que des piqĂ»res d’orties, cette plante vipĂ©rine, comme disait le dĂ©funt protopope. — Entrez donc vite dans la khata. Il n’y a personne. Et moi qui me demandais si vous n’étiez pas retenu par un furoncle ou un mal de ventre. On ne vous voit plus. Comment cela va-t-il? J’ai entendu dire que le pope, votre pĂšre, a reçu un tas de choses. — Presque rien, Khavronia Nikiforovna, mon pĂšre n’a reçu pour tout le carĂȘme que quinze sacs de blĂ©, quatre de millet, une centaine de pains au beurre et des poulets qui, bien comptĂ©s, ne dĂ©passent pas la cinquantaine. Quant aux Ɠufs, ils sont en partie gĂątĂ©s ; mais le plus prĂ©cieux de tous les dons, c’est de vous seule que je peux le tenir, Khavronia Nikiforovna, continua le popovitch, en la regardant tendrement et en se rapprochant d’elle. — VoilĂ , Aphanasi Ivanovitch, fit-elle, en posant sur la table divers plats et en boutonnant d’un air confus sa camisole qui s’était ouverte comme par hasard, des vareniki[11], des galouchetchki[12] de froment, des pampouchetchki[13], des tovtchenitchki[14]. — Tout cela, je gage, est sorti des plus habiles mains de toutes les filles d’Ève, dit le popovitch en entamant les tovtchenitchki et en attirante Ă  lui, de l’autre main, les varenitchki. Cependant, Khavronia Nikiforovna, mon cƓur a soif d’autres choses plus douces que les pampouchetchki et tous les galouchetchki — Je ne sais rĂ©ellement plus ce que je pourrais vous offrir encore, Aphanasi Ivanovitch, rĂ©pondit la belle obĂšse en feignant de ne pas comprendre. — Mais votre amour ! mon incomparable Khavronia Nikiforovna, murmura le popovitch, tenant d’une main un varenik et, de l’autre, enlaçant la large taille de la matrone. — Dieu sait ce que vous imaginez ! Aphanasi Ivanovitch, dit Khidria en baissant pudiquement les yeux, vous allez peut-ĂȘtre encore entreprendre de m’embrasser ! — Quant Ă  cela, je vous dirai, en ce qui me concerne, reprit le popovitch, qu’au temps pour ainsi dire oĂč j’étais au sĂ©minaire je me souviens encore comme aujourd’hui
 À ce moment, des aboiements se firent entendre dans la cour et des coups furent frappĂ©s Ă  la porte cochĂšre. Khivria sortit prĂ©cipitamment et rentra toute pale. — Allons ! Aphanasi Ivanovitch, nous sommes pris ! Un tas de gens frappent Ă  la porte et il me semble avoir reconnu la voix du compĂšre. Le varenik s’arrĂȘta dans la gorge du popovitch
 ses yeux sortirent de leurs orbites, comme s’il s’était trouvĂ© en face de quelque revenant. — Vite, grimpez lĂ , criait Khivria Ă©pouvantĂ©e, en lui indiquant les planches reposant sur deux solives juste au-dessous du plafond et sous lesquelles Ă©taient entassĂ©s divers ustensiles de mĂ©nage. Le pĂ©ril donna des forces Ă  notre hĂ©ros. Revenant un peu Ă  lui, il sauta sur la partie du poĂȘle qui sert de lit, et de lĂ , avec prĂ©caution, il se hissa sur les planches, tandis que Khivria courait Ă  toutes jambes vers la porte, car les coups redoublaient, frappĂ©s avec plus de force et d’impatience. VII Un Ă©trange Ă©vĂ©nement s’était produit Ă  la foire. Le bruit courait que, quelque part, parmi les marchandises, la svitka rouge devait faire son apparition. La vieille qui vendait des boubliki[15] crut voir Satan au museau de cochon qui se penchait sans cesse sur les charrettes comme s’il cherchait quelque chose. Cela se rĂ©pandit rapidement dans tous les coins du campement silencieux; et tout le monde eĂ»t considĂ©rĂ© comme un crime de ne pas y ajouter foi, bien que la marchande de boubliki, dont l’étalage mobile attenait Ă  la tente du cabaretier, se fĂ»t livrĂ©e toute la journĂ©e Ă  des saluts sans objet et dessinĂąt de ses jambes des courbes empruntĂ©es Ă  ses gĂąteaux. À cela, s’ajoutaient encore les histoires grossies de bouche Ă  bouche du prodige vu par le scribe dans le hangar en ruine, de telle sorte qu’avec la nuit, chacun se serrait plus prĂšs de son voisin. La tranquillitĂ© disparut; la peur empĂȘchait les yeux de se fermer ; et ceux qui n’étaient pas des plus braves et qui purent se procurer un coin dans une izba[16], s’y rĂ©fugiĂšrent. Au nombre de ces derniers, se trouvaient Tcherevik avec son compĂšre et sa fille ; et ce sont eux, qui renforcĂ©s de quelques camarades, leur ayant demandĂ© asile, ont causĂ© le tapage qui a si fort effrayĂ© notre Khivria. Le compĂšre Ă©tait dĂ©jĂ  quelque peu Ă©mĂ©chĂ©. Cela rĂ©sultait de ce qu’il dut faire deux fois avec sa charrette le tour de la cour avant de trouver la porte de sa khata. Les hĂŽtes, eux aussi, Ă©taient d’humeur joyeuse et, sans plus de façon, ils pĂ©nĂ©trĂšrent dans la chambre avec le maĂźtre. L’épouse de notre Tcherevik Ă©tait assise comme sur des aiguilles quand ils se mirent Ă  fureter dans tous les coins. — Eh quoi ! commĂšre, s’écria le compĂšre en entrant, la fiĂšvre te fait toujours trembler ! — Oui, je ne me sens pas bien, rĂ©pondit Khivria en jetant un regard inquiet sur les planches au-dessous du plafond. — Voyons, femme, va-t’en me chercher la bouteille dans la charrette, dit le compĂšre Ă  son Ă©pouse qui le suivait. Nous la viderons avec ces braves amis ; les maudites femmes nous ayant fait une peur telle qu’il est presque honteux de l’avouer. Car, au fond, frĂšres, nous nous sommes rĂ©fugiĂ©s ici inutilement, continua-t-il, en vidant Ă  petites gorgĂ©es la cruche de terre. Je suis prĂȘt Ă  percer mon neuf, que les femmes se sont tout simplement moquĂ©es de nous. En admettant mĂȘme que ce fĂ»t le diable, que nous importe le diable ? Crachez-lui Ă  la figure ! Qu’il s’avise Ă  l’instant mĂȘme de se dresser ici devant moi ! et que je ne sois qu’un fils de chien si je ne lui fais pas la nique. — Pourquoi, alors, es-tu devenu si pĂąle ? s’écria l’un des Ă©trangers qui dominait les autres de la tĂȘte et posait pour le brave. — Moi ! Dieu vous patafiole ! vous avez rĂȘvĂ©. Les hĂŽtes ne purent rĂ©primer un sourire auquel s’associa d’un air de satisfaction le bravache qui avait pris la parole. — Comment pourrait-il parler, fit observer un autre, alors que ses joues flamment comme le coquelicot ? Ce n’est plus un oignon mais une betterave, ou mieux encore la svitka rouge qui a tant Ă©pouvantĂ© les gens. La bouteille fit le tour de la table et aug-menta encore la gaĂźtĂ© des convives. Notre Tcherevik, que la svitka rouge n’avait pas cessĂ© de torturer, ne laissant pas une seconde de rĂ©pit Ă  son esprit curieux, s’approcha alors du compĂšre. — Dis, par grĂące, compĂšre, J’ai beau questionner, je ne puis connaĂźtre l’histoire de cette satanĂ©e svitka. — Eh ! compĂšre, ces choses-lĂ  ne se racontent pas la nuit, mais pour te faire plaisir ainsi qu’aux braves amis qui m’ont l’air d’y tenir autant que toi, soit
 Écoutez. Il se gratta l’épaule, s’essuya la bouche avec le pan de son cafetan, appuya la main sur la table et commença — Une fois, pour quel crime, c’est ce que j’ignore, tout ce que je sais c’est qu’un diable fut chassĂ© de l’enfer. — Comment cela, compĂšre, interrompit Tcherevik, est-il possible qu’on chasse un diable de l’enfer ? — Qu’y pourrais-je, compĂšre ? On l’a chassĂ© et voilĂ  tout, comme un moujik chasse un chien de sa khata. Peut-ĂȘtre s’était-il avisĂ© de commettre quelque bonne action, et, alors, on lui a montrĂ© la porte. Or, ce pauvre diable s’ennuyait hors de l’enfer, mais s’ennuyait Ă  se pendre. Que faire ? Il se mit alors Ă  boire de dĂ©sespoir, Il se nicha dans ce mĂȘme hangar que tu as vu en ruines prĂšs de la montagne, et auprĂšs duquel aucun honnĂȘte homme ne peut plus dĂ©sormais passer, sans ĂȘtre prĂ©alablement armĂ© du signe de croix. Et ce diable est un homme d’un dissolu Ă  rendre des points aux parobki. Du matin au soir, il ne dĂ©marre pas du cabaret. À ce moment, le grave Tcherevik interrompit de nouveau notre conteur. — Que dis-tu lĂ , compĂšre ? Comment est-il possible qu’on ait laissĂ© entrer le diable au cabaret ? Il a bien, grĂące Ă  Dieu, des griffes aux pattes et de petites cornes sur la tĂȘte. — Sans doute ! mais il s’était muni de bonnet et de mitaines ; impossible, par suite, de le reconnaĂźtre. Il noçait, noçait
 Enfin il avait bu tout ce qu’il possĂ©dait. Le cabaretier eut beau lui faire longtemps crĂ©dit, finalement, il dut cesser. Le diable fut alors forcĂ© de changer sa svitka rouge pour un tiers de sa valeur au juif qui tenait le cabaret de la foire de Sorotchinetz. Il la lui engagea et lui dit Prends garde, juif, je viendrai chercher la svitka dans un an jour pour jour. Conserve-la. » Et il disparut comme s’il fĂ»t tombĂ© dans l’eau. Le juif examina attentivement la svitka. Le drap en Ă©tait de telle qualitĂ© que mĂȘme Ă  Miregorod on n’aurait pu en trouver de semblable. Le rouge flambait comme le feu ; impossible une fois vu d’en dĂ©tacher ses yeux. Le juif se fatigua d’attendre l’échĂ©ance. Il se gratta l’oreille[17], et il en tira de quelque seigneur de passage jusqu’à cinq piĂšces d’or. Mais voilĂ  qu’un soir un homme entre. Eh bien ! juif, rends-moi ma svitka. » Le juif ne le reconnut pas d’abord, mais, aprĂšs l’avoir remis, il feignit de ne l’avoir jamais vu. — Quelle svitka ? je n’ai pas de svitka. » L’autre s’en alla. Seulement, vers le soir, quand le juif ayant fermĂ© sa boutique et aprĂšs avoir comptĂ© son argent, se mit, un drap sur la tĂȘte, Ă  prier Dieu Ă  la façon juive, un frĂŽlement s’entendit ! — Le juif regarde ! Ă  toutes les fenĂȘtres apparaissaient des museaux de cochon
 À ces mots, prĂ©cisĂ©ment, on entendit un bruit indistinct qui ressemblait fort au grognement du porc. Tous pĂąlirent
 La sueur perla sur le visage du conteur. — Quoi ? demanda Tcherevik, effrayĂ©. — Rien ! rĂ©pondit le compĂšre tremblant de tout son corps. — Rien ! fit Ă  son tour l’un des assistants. — C’est toi qui disais ?
 — Moi ! — Quoi donc ? Ă  propos ?
 — Dieu sait pourquoi tout cet Ă©moi ! il n’y a rien. Tous se mirent Ă  examiner craintivement autour d’eux et Ă  chercher dans les recoins. Khivria Ă©tait plus morte que vive. — Quelles femmes vous faites ! dit-elle Ă  haute voix. Et vous vous appelez des Cosaques et vous ĂȘtes des hommes Il faudrait vous mettre une quenouille Ă  la main. Quelqu’un peut-ĂȘtre s’est
 Dieu me pardonne
 Sous quelqu’un le banc a craquĂ© et cela a suffi pour vous affoler tous. Cette sortie fit honte Ă  nos braves et les obligea de reprendre courage. Le compĂšre but son coup et poursuivit son rĂ©cit — Le juif s’évanouit d’effroi ; mais les cochons, sur leurs longues jambes comme des Ă©chasses, pĂ©nĂ©trĂšrent par les fenĂȘtres et le firent vite revenir Ă  lui Ă  coups d’étriviĂšres et le forcĂšrent Ă  danser plus haut que cette solive. Le juif se jeta Ă  leurs pieds et avoua tout
 mais le difficile Ă©tait de retrouver la svitka. VolĂ©e au seigneur par un tzigane, elle avait Ă©tĂ© vendue Ă  une marchande. Celle-ci la porta de nouveau Ă  la foire de Sorotchinetz, mais, depuis lors, personne ne lui achetait quoi que ce soit. La marchande s’étonna, s’étonna longtemps et finit par comprendre que la faute en Ă©tait Ă  la svitka rouge. Ce n’est pas pour rien qu’en l’endossant elle se sentait toujours gĂȘnĂ©e. Sans plus de rĂ©flexion, elle la jeta au feu. — Il ne brĂ»le pas, ce satanĂ© vĂȘtement !
 HĂ© ! mais !
 c’est un cadeau du diable ! » — La marchande l’introduisit sous la charrette d’un moujik venu pour vendre son beurre. L’imbĂ©cile s’en rĂ©jouit ; seulement personne plus ne lui achetait de beurre. Hein ! ce sont des mains ennemies qui m’ont glissĂ© cette svitka ! » Il saisit sa hache et la mit en piĂšces. Mais voilĂ  que les morceaux rampent les uns vers les autres et que la svitka est de nouveau entiĂšre. Se signant alors, il assĂ©na un second coup de hache, sema les morceaux Ă  droite et Ă  gauche et s’enfuit. Depuis, chaque annĂ©e, juste Ă  l’époque de la foire, le diable au museau de cochon se promĂšne par toute la place, grognant et ramassant les morceaux de la svitka. On dit maintenant qu’il ne lui manque plus que la manche gauche. Les gens, depuis lors, se signent Ă  l’endroit ; et voilĂ  une dizaine d’annĂ©es dĂ©jĂ  que la foire ne s’y tenait plus, lorsque le malin a poussĂ© le commissaire de
 Ă  en
 La fin du mot resta sur les lĂšvres du conteur la fenĂȘtre vola en Ă©clats et, Ă  travers les vitres brisĂ©es, apparut un museau de cochon roulant de terribles yeux et ayant l’air de demander Que faites-vous ici, braves gens ? » CHAPITRE VIII La terreur cloua tout le monde dans la khata. Le compĂšre, la bouche bĂ©e, fut transformĂ© en pierre. Ses yeux jaillirent comme des projectiles. Ses doigts Ă©carquillĂ©s s’arrĂȘtĂšrent immobiles en l’air. Le brave, de haute taille, dans une Ă©pouvante impossible Ă  maĂźtriser, sauta jusqu’au plafond et frappa de sa tĂȘte contre la solive. Les planches s’écartĂšrent et le popovitch, avec tonnerre et fracas, vola par terre. — AĂŻe ! aĂŻe ! aĂŻe ! s’écria dĂ©sespĂ©rĂ©ment l’un des assistants en tombant tout terrifiĂ© sur le banc et en agitant les bras et les jambes. — Au secours ! exclamait dĂ©sespĂ©rĂ©ment un autre en se couvrant de son touloupe[18]. TirĂ© de sa pĂ©trification par ce nouvel effroi, le compĂšre se traĂźna Ă  quatre pattes, tout tremblant, sous les jupons de son Ă©pouse. Le brave de haute taille grimpa dans le four du poĂȘle malgrĂ© l’étroitesse de l’ouverture, en refermant la porte derriĂšre lui ; et Tcherevik, comme Ă©chaudĂ©, prenant un pot de fer pour son bonnet, s’en coiffant, se prĂ©cipita dehors et courut comme un fou Ă  travers les rues sans toucher presque terre. La fatigue seule l’obligea de ralentir sa course. Son cƓur battait comme une meule de moulin. La sueur l’inondait. EpuisĂ©, il Ă©tait sur le point de s’affaisser, quand, tout Ă  coup, il entendit derriĂšre lui quelqu’un Ă  sa poursuite
 La respiration lui manqua. — Le Diable ! Le Diable ! criait-il hors de lui, en faisant appel Ă  toutes ses forces, et, un moment aprĂšs, il tomba sans connaissance. — Le Diable ! Le Diable ! criait-on derriĂšre lui ; et tout ce qu’il put sentir encore c’est que quelque chose s’abattit sur lui. Le vide se fit alors complĂštement dans son cerveau et, comme l’hĂŽte terrible de l’étroite biĂšre », il resta muet et immobile au milieu de la route. CHAPITRE IX — Entends-tu, Vlas ? disait en se soulevant au milieu de la nuit, un de ceux qui dormaient dans la rue. Quelqu’un, tout prĂšs d’ici a appelĂ© le diable. — Que m’importe ! grogna en s’étirant un tzigane couchĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s, il pourrait aussi bien appeler tous ses parents. — Mais il a criĂ© comme si on l’étouffait ! — De quoi n’est pas capable un homme pris de sommeil ? — Comme tu voudras, mais il faut aller voir. Bats donc le briquet. L’autre tzigane, en maugrĂ©ant, se leva sur ses jambes, fit jaillir Ă  doux reprises une Ă©tincelle qui passa sur lui comme un Ă©clair, et, aprĂšs avoir soufflĂ© sur l’amadou, se mit en marche, un kaganetz[19] Ă  la main. — Halte ! il y a quelque chose Ă  terre ; Ă©claire par ici. D’autres personnes s’étaient jointes Ă  eux. — Qu’est-ce, Vlas ? — On dirait deux hommes ; l’un dessus et l’autre dessous. Lequel des deux est le diable ? c’est ce que je ne puis pas reconnaĂźtre. — Et qui est dessus ? — Une baba femme. — Alors, c’est ça qui est le diable. Un Ă©clat de rire gĂ©nĂ©ral rĂ©veilla toute la rue. — Une baba grimpĂ©e sur un homme ! Allons, cette baba doit s’entendre en monture ! disait quelqu’un dans la foule. — Regardez, frĂšres ! — fit un autre en ramassant un fragment du pot de fer dont une moitiĂ© seulement restait sur la tĂȘte de Tcheverik, — de quel bonnet ce brave homme s’est coiffĂ© ! Le bruit et les rires qui augmentaient, finirent par rappeler Ă  la vie nos deux morts, Solopi et son Ă©pouse, pleins encore de la frayeur passĂ©e et regardant avec terreur, de leurs yeux fixes, les visages basanĂ©s des tziganes. À la lumiĂšre fausse et tremblante des kaganetz, ceux-ci ressemblaient Ă  une bande hideuse de gnomes enveloppĂ©s d’une pesante vapeur souterraine dans les tĂ©nĂšbres d’une nuit sans rĂ©veil. CHAPITRE X La fraĂźcheur du matin soufflait sur les habitants rĂ©veillĂ©s de Sorotchinetz. Des bouffĂ©es de fumĂ©e s’envolaient de toutes les cheminĂ©es Ă  la rencontre du soleil levant. La foire se ranima. Les moutons se mirent Ă  bĂȘler, les chevaux Ă  hennir et, de nouveau, les cris des oies et des marchandes emplirent tout le campement ; les racontars effrayants sur la svitka rouge, qui avaient tant Ă©pouvantĂ© le monde dans les heures mystĂ©rieuses de la nuit, s’évanouirent avec l’apparition du matin. En bĂąillant et en s’étirant, Solopi Tcherevik somnolait chez le compĂšre sous le hangar couvert de paille, au milieu des bƓufs, des sacs de farine et de blĂ©. Il ne paraissait nullement disposĂ© Ă  s’arracher Ă  ses rĂȘveries, lorsque, tout Ă  coup, il entendit une voix qui lui Ă©tait aussi familiĂšre que le refuge de sa paresse, le poĂȘle bĂ©ni de sa khata ou le cabaret d’une parente installĂ©e Ă  dix pas de chez lui. — Debout ! debout ! lui scandait Ă  l’oreille sa tendre Ă©pouse, en le tirant de toutes ses forces par le bras. Tcherevik, pour toute rĂ©ponse, enfla les joues et simula, de ses mains, le battement des tambours. — Idiot ! s’écria-t-elle en Ă©vitant le bras qui faillit l’atteindre au visage. Tcherevik se souleva, se frotta les yeux et regarda autour de lui. — Que le diable m’emporte, ma colombe, si ton museau ne m’a pas fait l’effet d’un tambour sur lequel je me voyais forcĂ© de battre la diane, comme un superbe Moscovite ; museau de cochon dont, comme dit le compĂšre
 — Assez, assez de sottises. DĂ©pĂȘche-toi donc d’aller vendre la jument. C’est Ă  faire rire de nous, vraiment. Être venus Ă  la foire, et n’avoir pas mĂȘme vendu une poignĂ©e de chanvre ! — Que dis-tu femme ? interrompit Solopi — mais c’est maintenant qu’on va rire. — Va, va ; on rit dĂ©jĂ  assez sans cela. — Je sais bien que je ne suis pas encore dĂ©barbouillĂ©, continua Tcherevik en bĂąillant et en se grattant le dos pour gagner du temps Ă  sa paresse, — VoilĂ  qu’il lui prend mal Ă  propos la fantaisie d’ĂȘtre propre ! Cela t’est-il jamais arrivĂ© ? voilĂ  une serviette ; essuie ton masque. Et elle saisit quelque chose roulĂ© en tas qu’elle rejeta brusquement avec terreur ; c’était la manche rouge de la svitka. — Va faire ton affaire, reprit-elle en rassemblant ses esprits et en voyant que la peur cassait les jambes de son Ă©poux et que ses dents claquaient. — J’en aurai maintenant une vente, murmura-t-il en dĂ©tachant la jument et la conduisant sur la place. Ce n’est pas sans cause qu’en mes prĂ©paratifs pour cette maudite foire, je me sentais un poids comme si quelqu’un m’avait jetĂ© sur les Ă©paules une vache crevĂ©e. Et les bƓufs qui, d’eux-mĂȘmes, se sont par deux fois retournĂ©s vers la maison ! Sans compter, si je me souviens bien, que c’est un lundi que nous nous sommes mis en route. De lĂ , tout le mal

 Et ce maudit diable qui ne veut pas se tenir tranquille ! Qu’est-ce que ça peut lui faire de porter une svitka qui n’a qu’une manche ! mais non. Il ne veut pas laisser la paix aux honnĂȘtes gens. Si j’étais un diable, moi, par exemple ce dont Dieu me garde ! est-ce que je me dĂ©mĂšnerais la nuit Ă  la recherche d’un maudit chiffon ! Ici le monologue de notre Tcherevik fut interrompu par une voix grave et criarde. Le tzigane de haute taille Ă©tait devant lui. — Qu’est-ce que tu vends ? mon brave. Le vendeur eut un silence. Il examina son interlocuteur des pieds Ă  la tĂȘte et dit d’un air tranquille, sans s’arrĂȘter et sans lĂącher la bride — Tu sais bien toi-mĂȘme ce que je vends. — Des courroies ? demanda le tzigane en regardant la bride. — Oui, des courroies, si une jument ressemble Ă  des courroies. — Mais diantre, pays, tu l’as donc nourrie avec de la paille ? — De la paille ! Et Tcherevik tira sur la bride pour faire passer devant lui la jument et convaincre de mensonge ce calomniateur effrontĂ© mais avec une vitesse extraordinaire sa main vint frapper son menton. Il regarda et que vit-il ? Dans sa main il n’a plus qu’une bride et, Ă  la bride est attaché  Ô terreur ! ses cheveux se dressent sur sa tĂȘte
 un morceau de la manche rouge de la svitka !
 Il cracha, se signa et, en agitant les bras, il s’enfuit de ce cadeau inattendu, et, plus rapide qu’un jeune homme, se perdit dans la foule. CHAPITRE XI — ArrĂȘtez-le ! arrĂȘtez-le ! criaient plusieurs jeunes gens dans le fond Ă©troit d’une rue ; et Tcherevik se sentit tout Ă  coup saisi par des mains vigoureuses. — Qu’on le garrotte ! c’est lui qui a volĂ© au brave homme sa jument ? — Que Dieu soit avec vous ! Pourquoi me garrottez-vous ? — Et c’est lui qui le demande ! Pourquoi as-tu volĂ© la jument ? — Êtes-vous fous ? jeunes gens. OĂč a-t-on vu qu’un homme puisse se voler lui-mĂȘme ? — Connu ! connu ! Pourquoi te sauvais-tu Ă  toutes jambes comme si Satan lui-mĂȘme Ă©tait Ă  tes trousses
 — On se sauverait Ă  moins quand un vĂȘtement diabolique
 — HĂ© ! mon pigeon, conte cela Ă  d’autres. Tu auras encore affaire au commissaire qui t’apprendra Ă  faire peur aux gens avec tes diableries. — ArrĂȘtez-le ! arrĂȘtez-le. Ce cri retentit de nouveau Ă  l’autre bout de la rue. Le voilĂ  ! le voilĂ , le fuyard ! Et, aux yeux de notre Tcherevik, apparut le compĂšre dans le plus piteux Ă©tat, les mains liĂ©es derriĂšre le dos et conduit par plusieurs jeunes gens. — Que de miracles il se fait ! disait l’un de ceux-ci. Si vous entendiez ce que raconte ce filou ! qu’il suffit de regarder en face pour reconnaĂźtre un voleur, quand on s’avise de lui demander pourquoi il courait comme un affolĂ©. Je fouillais, dit-il, dans ma poche pour y prendre une prise, et, au lieu de ma tabatiĂšre, j’ai retirĂ© un morceau de la diabolique svitka qui flamba soudain comme du feu
 et je m’enfuis Ă  toutes jambes. » — HĂ© ! hĂ© ! ce sont deux oiseaux du mĂȘme nid, garrottez-les ensemble. CHAPITRE XII — Peut-ĂȘtre, en effet, compĂšre, as-tu chipĂ© quelque chose ? demanda Tcherevik Ă©tendu, liĂ© Ă  son compĂšre, dans une botte de paille. — Comment ! toi aussi ? compĂšre ? Que me sĂšchent bras et jambes si jamais j’ai volĂ© quoi que ce soit, si ce n’est des vareniki Ă  la crĂšme, chez ma mĂšre, et encore n’avais-je que dix ans. — Pourquoi donc, compĂšre, un pareil calamitĂ© sur nous ? Toi encore, ce n’est rien On ne t’accuse que d’avoir volĂ© autrui ! mais qu’ai-je fait pour ĂȘtre en butte Ă  une calomnie aussi idiote m’ĂȘtre volĂ© Ă  moi-mĂšme ma propre jument ! Il Ă©tait Ă©crit, compĂšre, que nous ne devions pas avoir de chance. — Malheur Ă  nous ! pauvres orphelins. Et les deux compĂšres se mirent Ă  sangloter bruyamment. — Qu’as-tu donc Solopi ? demanda Hirtzko qui entra en ce moment — qui t’a garrottĂ© ? — Ah ! Halopoupenko ! Halopoupenko ! s’écria Solopi tout joyeux — le voilĂ , compĂšre, celui-lĂ  mĂȘme dont je t’ai parlĂ©. HĂ© ! camarade, que Dieu me tue sur place, s’il n’a pas lampĂ© devant moi une cruche presque aussi grosse que ta tĂȘte, et sans seulement sourciller. — Pourquoi donc, compĂšre, n’as-tu pas fait honneur Ă  un aussi brave parobki ? — Comme tu vois, continua Tcherevik en s’adressant a Hirtzko, Dieu m’a puni probablement parce que je suis en faute Ă  son Ă©gard. Pardonne-moi, mon brave. Pour toi, je serais prĂȘt Ă  tout faire, mais que veux-tu, c’est le diable qui est dans la ville. — Je ne te tiens pas rancune, Solopi ; si tu veux, je te dĂ©barrasserai de tes liens. Et il fit signe aux jeunes gens, et ceux-lĂ  mĂȘme qui gardaient les prisonniers s’empressĂšrent de les dĂ©lier. — En revanche, agis bien de ton cĂŽtĂ© ; marie-nous, et que l’on danse au point que pendant toute une annĂ©e les jambes nous fassent mal. — Bien ! voilĂ  qui est bien ! dit Solopi en battant des mains, et je me revois aussi gai en ce moment, que si les Moscovites m’avaient enlevĂ© ma vieille. Il n’y a plus Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  tort ou Ă  raison, aujourd’hui on se marie et tout est dit. — Prends bien garde, Solopi, dans une heure je serai chez toi, car on t’attend pour acheter ta jument et ton blĂ©. — Comment ! est-ce qu’on aurait retrouvĂ© la jument ? — On l’a retrouvĂ©e. Tcherevik demeurait immobile de joie en suivant des yeux Hirtzko qui s’éloignait. — Eh bien ! Hirtzko, l’affaire a-t-elle Ă©tĂ© bien menĂ©e ? demanda le tzigane de haute taille au jeune homme qui pressait le pas ; les bƓufs sont Ă  moi, maintenant ? — À toi ! Ă  toi ! CHAPITRE XIII Son joli menton dans la main, Paraska Ă©tait assise songeuse et seule dans la khata. Les rĂȘves, en grand nombre, voltigeaient autour de sa tĂȘte blonde. De temps Ă  autre un sourire lĂ©ger effleurait ses petites lĂšvres pourpres et une sorte d’émotion joyeuse soulevait ses sombres sourcils. D’autres fois, un nuage d’inquiĂ©tude les abaissait de nouveau sur le brun de ses yeux. Que devenir si ce qu’il a dit ne se rĂ©alise pas ? murmurait-elle avec une expression de doute. Que devenir si on ne me marie pas ? Si
 mais non
 cela ne sera pas. Ma marĂątre fait tout ce qui lui passe par l’esprit. Est-ce que je ne peux pas en faire autant ? Je saurai moi aussi m’entĂȘter. Qu’il est beau ! Comme ses yeux noirs brillent merveilleusement. Comme il dit Ma Parasiou »[20] chĂ©rie ! Comme sa svitka blanche lui va bien. Il lui faudrait une ceinture plus Ă©clatante ; il est vrai que j’aurai le temps de lui en broder lorsque nous serons en mĂ©nage
 Je ne puis penser sans joie, continua-t-elle en tirant de son sein un petit miroir doublĂ© de papier rouge, achetĂ© Ă  la foire, et en s’y regardant avec un vrai plaisir — je ne puis penser sans joie au jour oĂč je la rencontrerai quelque part ! Je ne la saluerai pour rien au monde, dĂ»t-elle en crever. Non marĂątre, tu as assez battu ta belle-fille ! le sable germera sur la pierre et le chĂȘne se penchera sur l’eau comme un saule pleureur, plutĂŽt que je m’incline devant toi. Ah ! oui
 j’oubliais
 je veux essayer le bonnet[21] mĂȘme de la marĂątre pour voir comment il me va. » Elle se leva le miroir dans la main et la tĂȘte inclinĂ©e sans le quitter des yeux, elle marcha timidement Ă  travers la chambre comme si elle craignait de tomber en voyant sous elle, au lieu du sol, le plafond avec ses planches d’oĂč Ă©tait dĂ©gringolĂ© le popovitch et ses rayons garnis de poteries. — Quelle enfant je fais, s’écria-t-elle en riant ; j’ai peur de faire un pas ! Et elle se mit Ă  frapper du pied ; et plus elle allait, plus elle activait le mouvement. Finalement, sa main gauche s’établit sur sa hanche, et elle se prit Ă  danser en faisant rĂ©sonner le cuivre de ses talons, en tenant devant elle le miroir et en fredonnant sa chanson favorite Petite plante verte, Couche-toi plus bas, Et toi, mon aimĂ© aux sourcils noirs, Approche-toi plus prĂšs. Petite plante verte, Couche-loi plus bas encore Et toi, mon aimĂ© aux sourcils noirs, Approche-toi plus prĂšs encore. À ce moment Tcherevik passa sa tĂȘte par la porte, et, apercevant sa fille devant le miroir, s’arrĂȘta. Longtemps il regarda souriant Ă  cette fantaisie inattendue de la jeune fille, laquelle tout absorbĂ©e ne semblait rien voir. Mais quand il entendit l’air connu de la chanson, il campa ses poings sur les hanches, s’avança fiĂšrement et se mit lui-mĂȘme Ă  danser, oubliant toutes ses affaires. Un gros rire du compĂšre les fit tressaillir tous deux. — HĂątez-vous ! le fiancĂ© est arrivĂ©. — Bravo ! le pĂšre et la fille font ici la noce tout seuls. À ces derniers mois, Paraska devint plus rouge que le ruban Ă©carlate qui nouait ses cheveux et l’oublieux pĂšre se rappela pourquoi il Ă©tait venu. — Eh bien ! fille, viens vite. Khivria, toute joyeuse que j’aie vendu la jument, a couru, dit-il en regardant craintivement autour de lui — a couru s’acheter des jupons et autres chiffons. Il faut donc en finir avant sa rentrĂ©e. À peine Paraska eut-elle franchi le seuil de la khata qu’elle se sentit dans les bras du jeune homme Ă  la svitka blanche qui, avec tout une bande, l’attendait dans la rue. — Que Dieu vous bĂ©nisse ! — dit Tcherevik, en joignant leurs deux mains — vivez unis comme les fleurs d’une couronne. Il se produisit Ă  cet instant un mouvement dans la foule. — Je crĂšverai plutĂŽt que de laisser la chose s’accomplir ! — criait la compagne de Solopi — que les gens repoussaient avec des rires. — Ne t’enrage pas ! ne t’enrage pas ! femme — dit avec sang-froid Tcherevik, en s’apercevant qu’une paire de vigoureux tziganes s’étaient emparĂ©s des bras de son Ă©pouse, — ce qui est fait est fait ; je n’aime pas Ă  revenir sur ce qui est convenu. — Non, non ! ce ne sera pas, criait Khivria ; mais personne ne l’écoutait. De nombreux couples entourĂšrent le nouveau couple et formĂšrent autour de lui une haie dansante, infranchissable. Un sentiment Ă©trange et inexprimable aurait envahi le spectateur, Ă  voir comment un seul coup d’archet du musicien, en svitka de bure et aux longues manchettes pendantes, suffit Ă  rĂ©tablir l’harmonie et l’unitĂ© dans cette foule aux sentiments les plus divers. Des hommes, sur le visage morne desquels il semblait qu’un sourire n’eĂ»t jamais glissĂ©, battaient la mesure des pieds et des Ă©paules. Tout s’élançait, tout dansait. Mais plus Ă©trange et plus inexprimable encore Ă©tait le spectacle des vieilles, dont le visage antique exhalait une indiffĂ©rence de tombeau, et qui se bousculaient au milieu de cette jeunesse riante, vivante. Insouciantes, sans mĂȘme une joie enfantine, sans une Ă©tincelle de sympathie, celles que l’alcool seul poussait — semblables Ă  un mĂ©canicien qui force son automate inanimĂ© Ă  exĂ©cuter des gestes humains — balançaient doucement leur tĂȘte enivrĂ©e, dansonnaient avec la foule joyeuse sans mĂȘme regarder le jeune couple. Puis le bruit, les rires, les chants se firent de plus en plus bas. L’archet se mourait affaibli et perdant ses sons indistincts dans le vide de l’atmosphĂšre. On entendit encore au loin un piĂ©tinement, quelque chose comme le murmure d’une mer lointaine. Tout enfin redevint dĂ©sert et muet. Ainsi la joie, belle et inconsciente hĂŽtesse, s’envole de chez nous, et c’est en vain qu’une voix isolĂ©e pense exprimer la gaietĂ©. Dans son propre Ă©cho, elle entend dĂ©jĂ  la tristesse et la solitude, et elle Ă©coute stupĂ©faite. Ainsi les espiĂšgles amis d’une jeunesse agitĂ©e et libre se perdent un Ă  un et laissent finalement seul leur ancien frĂšre. L’ennui s’étend sur l’abandonnĂ©, son cƓur se serre et rien ne peut le consoler. ↑ Charretiers. ↑ Nom d’une riviĂšre. ↑ Cafetan, svitka en langue ukranienne. ↑ LittĂ©ralement sĂ©culaire. ↑ Les femmes. ↑ Sorte de gelĂ©e de fruits. ↑ Lutin domestique. ↑ Boulettes de pĂąte cuite de forme oblongue. ↑ Pour avoir la vĂ©ritable prononciation ukrannienne de ce mot, il faudrait aspirer fortement l’h. ↑ Fils du pope. ↑ PĂątes de fromage cuites dans l’eau. ↑ Diminutif de gaiouchki, sorte de gros macaroni plein et coupĂ© trĂšs court. ↑ Diminutif de pampouchki, autre pĂąte moins frite. ↑ Diminutif de tovtchenik, boulette frite de farine de pois. ↑ Pains en forme de couronnes. ↑ Izba ou khata — chaumiĂšre. ↑ LittĂ©ralement le PeĂŻssi, mĂšche de cheveux que le juif polonais porte le long de l’oreille. ↑ Fourrure en peau de mouton. ↑ Lampion usitĂ© dans la Petite Russie et composĂ© d’un morceau de poterie garnie de graisse de mouton Ă  l’intĂ©rieur. Note de l’auteur. ↑ Diminutif de Paraska. ↑ Que portent les femmes mariĂ©es.
1 Au sing., à valeur de coll. Ensemble de tiges de céréales coupées et dépouillées de leur grain, servant à différents usages. Synon. chaume (v. ce mot D). [En Angleterre, au XV e siÚcle] les maisons des gentilshommes de campagne étaient des chaumiÚres couvertes de paille, recrépies de la plus grossiÚre glaise et éclairées seulement par des treillages (Taine, Philos. art, t.1
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Date de sortie 1998-10-01 1 Hop la c'est le vent 2 Farine de froment farine de blĂ© noir 3 OĂč est-ce qu'est la pie 4 Vache grosse vache 5 Le chien en dix leçons 6 Trois petits moutons 7 Le zoo de Landivisiau 8 Li Cheng Ping 9 TĂ©lescop' 10 Dans la station Mir 11 Youri Gagarine 12 Les quatre saisons de Sarajevo 13 J'avais un copain un frĂšre 14 ThĂ©odore Monod Ca Tourne Toujours Date de sortie 1994-10-01 1 Meyalatele 2 Perd Et Gagne 3 Gerard D Aboville 4 Le Roi Du Banjo 5 Oh Mamy 6 Bateau Beau Bateau 7 Theodule 8 Rigoberta Menchu 9 Il Manque Une Puce Dans L' Arche De Noe 10 LE P TIT FEU 11 Le Ragout Du Rat 12 Jamais Assez De Sucre 13 Skip To My Lou 14 Ca Tourne Toujours 15 Chanson Pour Dylie La Mer Au Coeur Date de sortie 1991-10-01 1 Coquille Marine 2 Au Snack Food 600 3 Les Peniches Rondes 4 Cadillac Decapotable 5 Torrey Canyon 6 L' Ete Le Temps Des Maillots 7 Marine 8 Si Mon Bien Aime S' En Venait 9 A LA VIE 10 Le Collier Des Jours 11 Lucie La Paysanne 12 La Mer Au Coeur La Princesse DorothĂ©e Date de sortie 1986-10-01 1 Quand Nathalie Rit Stephanie Rit 2 Les Colimaçons 3 Les Lapins 4 Chante Chante Mon Oiseau 5 La Princesse DorothĂ©e 6 Binoks Magiks I 7 Le Sapin 8 Emilie 9 La Danse Du PĂ©pin 10 La Faridondaine 11 Le Traineau Du RĂȘve 12 Dans Le Jardin De Mon PĂšre Le Grand Cerf Volant Date de sortie 1976-10-01 1 Camions 2 Je t'aimerai 3 Le demi blues du povmec 4 Chanson pour le boulanger 5 Le blues du pauvre Delahaye 6 Monsieur Pilier 7 La complainte orthopĂ©dique des pneus, de Mr Gildas Beauvir, interprĂ©tĂ©e par son auteur 8 Le soleil et la mort C Cheval blanc et noir D Dors petit garçon E Enfant Noir Enfant Blanc F Farine de froment farine de blĂ© noir G Gerard D Aboville Gulabi Sapera L Le crabe vert Le zoo de Landivisiau Les Pieds Dans Les Chaussures Les Plages De Normandie Lucie La Paysanne M Manuel Patarroyo Menuet des baleines Mon pote Albert et moi N Nelson Mandela Q Quelle DrĂŽle De Terre R Rigoberta Menchu Rigole Petite Fille S Solomon Linda T ThĂ©odore Monod Y Youri Gagarine E2nn.
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